C'est un véritable parcours du combattant que se livre, depuis près de deux ans, un jeune investisseur dans la commune d'Aït Toudert pour faire aboutir son projet, ambitieux à plus d'un titre. Lui, qui a affirmé avoir trop rapidement cru aux campagnes publicitaires et au tapage médiatique inhérents à l'encouragement de l'investissement, la libération et la stimulation des initiatives, a vite fait de déchanter en faisant face à une foultitude de contraintes dressées par ceux censés lui faciliter la tâche. Tout a commencé pour M. S. Aït Yahiatène, un jeune père de famille, lorsqu'il y a deux ans, il sollicitait et obtenait auprès de la défunte Apsi (Agence de promotion et de soutien à l'investissement) l'agrément pour son projet, presque inédit, puisqu'un seul du genre existe à l'échelle nationale, dans l'ouest du pays, dit-on. Son idée consiste en la mise sur pied d'une unité d'accouvage de poules pondeuses et de la transformation de l'œuf en poudre, communément appelé “l'œuf américain”. Et il n'a pas tergiversé quant à l'implantation de son projet qu'il décida de localiser à Aït Toudert, comme pour exaucer un rêve d'enfance de servir un jour les siens. C'est alors qu'il acquiert une assiette de deux hectares au niveau des plaines d'Azaghar, à quelque 900 mètres de l'unité Cévital d'eau minérale Lalla Khedidja. Seulement, ce site présente l'inconvénient de se situer très en retrait, ce qui lui a nécessité l'ouverture, à ses frais, d'un accès long de 1,5 km. Car, les autorités locales (commune et daïra des Ouacifs), sollicitées pour assistance, se sont contentées d'un soutien moral, faute de moyens. Ensuite, il fallait alimenter les locaux, presque achevés, en énergie électrique. Et c'est à ce niveau que notre jeune promoteur affirme ne rien comprendre à l'attitude de la Sonelgaz qui “voulait m'imposer tout un poste transformateur pour une facture de deux cents millions de centimes, alors que je n'ai besoin que d'une ligne de 380 volts”, dit-il dépité. Cependant, la réunion du wali avec la société civile locale, tenue en marge de sa récente visite d'inspection au niveau de la daïra des Ouacifs, lui permit d'exposer son problème, qui trouva aussitôt une solution partielle, puisque le directeur de wilaya de la Sonelgaz concéda, sur le champ, à échelonner sur plusieurs mois le paiement de cette exorbitante facture. Et ce n'est pas pour autant le bout du tunnel pour M. S. Aït Yahiatène qui, après avoir mis à contribution jusqu'ici la bagatelle de trois milliards cinq cents millions de centimes, soit la somme initialement convenue qui sert à finaliser le projet, il sollicita un prêt auprès de la Badr des Ouacifs, pour concrétiser les 28% restant du projet. “La somme sera réservée à l'acquisition de l'équipement nécessaire auprès d'un fournisseur italien”, dit-il, non sans s'attarder sur les raisons de l'hésitation de cet organisme bancaire. “À croire que j'investis dans un autre pays”, assène-t-il, comme pour stigmatiser les nombreux blocages qu'il ne cesse de rencontrer, avant d'affirmer sa détermination à aller au bout de son projet qui, à son lancement, emploiera une quinzaine de personnes avant la multiplication au quintuple de cet effectif, au bout des six mois suivants. “Je sais que nombre d'investisseurs n'attendent que quelqu'un fasse le premier pas. Ce pas je le ferai par la grâce de Dieu et il fera l'effet boule de neige”, épiloguera-t-il, faisant allusion à un autre investisseur qui serait intéressé par l'installation, dans la région, d'une fromagerie qui emploierait plusieurs dizaines de personnes. ASSIREM K.