L'adhésion officielle de l'Algérie au projet chinois dit des "Routes de la soie" lui offre l'occasion de bénéficier d'importantes opportunités de financement d'infrastructures stratégiques. C'est, du moins, ce que pense le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care), qui a organisé, hier à l'hôtel Sofitel à Alger, une rencontre sur cette initiative chinoise. Expert des politiques commerciales, ancien directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce, Mouloud Hedir a insisté sur la nécessité urgente pour l'Algérie d'identifier des projets d'infrastructures à proposer d'inscrire au titre du projet des "Routes de la soie" auquel elle vient d'adhérer. L'expert a tenté d'esquisser quelques projets que l'Algérie pourrait soumettre dans ce cadre. Une voie ferrée reliant Alger et le nouveau port de Cherchell à Tamanrasset pourrait ainsi être envisagée avec le partenaire chinois. Selon M. Hedir, la réalisation de projets de voies ferrées figure certainement parmi les investissements en infrastructures les plus spectaculaires que la Chine ait entrepris et menés à bien dans le cadre de l'initiative des "Routes de la soie" dans la région africaine. Une des propositions qui pourraient, également, être émises et discutées entre les autorités des deux pays est celle de pouvoir faire bénéficier l'Algérie de l'expérience chinoise des zones économiques spéciales. L'expert recommande, aussi, d'envisager avec le partenaire chinois une coopération plus étroite avec comme objet l'assistance à la réalisation du programme de développement de semences performantes. M. Hedir propose, par ailleurs, de négocier avec des partenaires chinois, largement reconnus comme des leaders dans la production des modules photovoltaïques, une implication directe dans la réalisation du programme ambitieux d'énergie renouvelable, défini en 2011, mais qui connaît des difficultés à se matérialiser sur le terrain. L'expert évoque le développement de services de transport maritime et le cabotage. Pour lui, il serait tout à fait utile que l'investissement public déjà réalisé et celui qui est programmé ou en cours de réalisation puissent être reformulés en intégrant, à côté de la Cnan, un partenaire international de référence. Un partenaire chinois serait, en ce sens, tout à fait indiqué. Dans le même esprit, Care souligne le besoin de l'Algérie de développer le cabotage interne, autant pour les besoins du transport de marchandises que des passagers. La Chine, qui possède à ce titre une expérience solide et mondialement reconnue, serait certainement un partenaire tout à fait recommandable. Mouloud Hedir a voulu attirer l'attention sur le niveau préoccupant du déficit commercial entre l'Algérie et la Chine. Le déficit commercial de l'Algérie avec la Chine a dépassé 7 milliards de dinars en 2017. Il représente près de 75% du déficit commercial global de l'Algérie. "La question est de savoir comment travailler avec la Chine pour réduire avec le temps ce déficit, dans le cadre du projet des Routes de la soie", souligne M. Hedir, estimant que "la persistance de ce niveau de déficit constitue une menace pour l'avenir des relations commerciales entre les deux pays". D'autant que l'envolée des importations algériennes de Chine s'accompagne d'une difficulté croissante de placement des exportations algériennes, y compris pour les produits du secteur des hydrocarbures. L'expert estime, en outre, que les investissements directs chinois sont encore fortement limités en Algérie. Care propose de mettre sur pied un groupe de réflexion et de suivi qui serait chargé d'observer et d'analyser l'ensemble des données liées à cette initiative et qui ferait des recommandations aux institutions gouvernementales compétentes sur le positionnement de l'Algérie, entre autres, sur des aspects aussi divers que l'identification des projets à proposer au financement de la partie chinoise, le dialogue à engager avec la partie chinoise sur l'écosystème à mettre sur pied pour soutenir et développer ces projets, les mécanismes à initier en vue de mobiliser les ressources disponibles dans le sens de la diversification économique et du rééquilibrage graduel des relations commerciales avec la Chine, etc.