Les signataires dénoncent le refus des visas culturel et d'exploitation pour plusieurs films. Une quinzaine de réalisateurs et producteurs ont publié, hier, une déclaration publique dans laquelle ils dénoncent les différents freins qui empêchent le cinéma algérien d'avancer. Dans ce communiqué adressé à notre rédaction, les signataires pointent du doigt "le refus du visa culturel" pour les deux films Vote Off de Fayçal Hammoum et Fragments de rêves de Bahia Bencheikh El-Fegoun aux RCB de 2016 et de 2018. Ainsi qu'un "visa d'exploitation" pour le documentaire Contre-pouvoirs de Malek Bensmaïl et les "pressions" sur le film Ben M'hidi de Bachir Derraïs. Toujours dans le même document les signataires rappellent que "les dirigeants politiques à l'origine de cette censure ou validant la bêtise de ceux qui la pratiquent, décrédibilisent la production cinématographique et culturelle algérienne aux yeux de son public et du citoyen. Le poussant ainsi à chercher ailleurs la vérité". Et de s'interroger : "Quel est le sens et l'efficacité de cette censure quand tout est relayé, amplifié et compensé par les réseaux sociaux ?" Selon ces cinéastes et producteurs, cette situation mène à "la fragilisation et à l'assèchement de la création et de la production cinématographique algérienne". Par ailleurs, le 7e art algérien connaît d'autres problèmes, notamment "la faiblesse de la production et la diffusion cinématographique, la diminution de ses financements (en dehors de la célébration des événements officiels), l'absence d'une politique réelle de formation, l'absence d'une vraie stratégie de réconciliation de la société avec le cinéma qui doit commencer à l'école", est-il mentionné dans la déclaration. Cette situation est due d'après les signataires à "l'absence d'une réelle volonté politique pour une relance effective de la production et de la diffusion cinématographique". Ainsi regrettent-ils : "N'est-elle pas la plus impitoyable des censures ?" Enfin, les auteurs de ce document ont conclu en indiquant : "Nous prenons à témoin l'opinion publique quant à notre engagement pour la défense du cinéma algérien et réitérons notre attachement indéfectible au principe de la liberté de création et d'expression, et ce, en dénonçant fermement les récentes atteintes." Pour avoir plus de détails, nous avons contacté l'un des signataires de cette déclaration, le réalisateur Lotfi Bouchouchi. "Cette déclaration publique n'est pas une pétition ou dans le but de dénoncer les responsables de ce secteur. Mais, c'est pour dire que nous avons ras-le-bol de cette censure et la pression subie pour faire un film", a-t-il précisé. Et d'ajouter : "Cette déclaration est juste un rappel pour dire que nous existons ! Et que nous voudrions travailler dans de bonnes conditions." À propos des "visas culturels" octroyés dans le cadre des festivals et rencontres cinématographiques, Youcef Bouchouchi a indiqué qu'"on ne peut pas censurer un film dans un festival. Ce visa n'a pas lieu d'exister car nous ne pouvons interdire une œuvre existante et la priver de son public". Parmi les signataires on peut citer Belkacem Hadjadj, Okacha Touita, Karim Moussaoui et Cherif Aggoun. Hana Menasria