La ville de Béjaïa s'apprête à commémorer dignement le 30e anniversaire des événements douloureux d'Octobre 1988. Une révolte populaire qui s'était soldée par la mort des centaines d'Algériens, tombés sous les balles assassines du régime dictatorial du parti unique, sans compter des milliers de blessés et d'handicapés à vie. Un lourd tribut chèrement payé par le peuple algérien, dont Béjaïa avait sacrifié cinq de ses fils. Afin de marquer cette date historique du 5 Octobre et lutter contre l'oubli, quatre organisations non gouvernementales (ONG) viennent de lancer un appel à l'ensemble des représentants de la société civile, partis politiques, syndicats, mouvement associatif et autres citoyens à prendre part massivement au rassemblement pacifique prévu vendredi 5 Octobre, à partir de 10h, à l'esplanade de la maison de la culture Taous-Amrouche de Béjaïa. L'initiative est venue des responsables de la Ligue algérienne pour la défense des Droits de l'Homme (Laddh), de l'Association des victimes d'Octobre 1988 (AVO-88), du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) et d'Amnesty Internationale (AI), lesquels ont rendu publique, hier, une déclaration appelant la population béjaouie à participer massivement à la commémoration de cette date charnière de l'histoire contemporaine de l'Algérie. "5 Octobre 1988-5 Octobre 2018 : 30 années après le soulèvement populaire d'Octobre 1988 sauvagement réprimé, mais qui a débouché sur la rédaction d'une Constitution ayant permis le multipartisme, le pluralisme syndical, les libertés d'association et de réunion. Depuis cette date historique de la démocratie, l'analyse de la situation actuelle est caractérisée par un marasme économique, une détresse sociale et une dangereuse répression des libertés d'opinion, d'expression, de rassemblement et de réunions", lit-on dans ladite déclaration. Les signataires dudit document notent, à ce titre, que "la répression sur le mouvement Mouwatana, l'emprisonnement de Marzouk Touati, de Saïd Chitour et de tant d'autres nous renseignent sur le non-respect des droits et la nature totalitaire du pouvoir". Pour les organisateurs de ce rassemblement, rendre hommage à toutes les victimes et tous les martyrs de la démocratie et des libertés constitue un acte de résistance hautement symbolique visant à "relancer une dynamique citoyenne pour la réappropriation des acquis démocratiques, sociaux et des libertés fondamentales chèrement arrachées". KAMAL OUHNIA