Après 16 longues années d'attente et d'impatience, les souscripteurs au premier programme de logements AADL 2001-2002 de Béjaïa montent au créneau pour crier leur ras-le-bol face au retard flagrant qu'accuse le chantier sis au lieudit Ighzer Ouzarif, dans la commune d'Oued Ghir. Ils étaient des centaines de manifestants, dont des personnes âgées, à organiser, avant-hier, un rassemblement de protestation devant le siège de la wilaya de Béjaïa, par lequel ils dénoncent la lenteur des travaux de réalisation de leurs logements de type location-vente. "16 ans Barakat !", "Halte au laxisme des autorités locales", "Un toit pour nos enfants", "Respectez les délais !", "donnez nous nos logements"…, sont autant de slogans mis en avant par les citoyens protestataires qui n'ont pas manqué de charger les représentants des autorités locales. Organisés dans une association dénommée "El-Amel" (Espoir), les bénéficiaires du premier programme de logements AADL de Béjaïa interpellent le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, en l'invitant à venir à Béjaïa afin de mieux s'enquérir de la situation de son secteur qui, à leurs yeux, connaît un retard considérable. "Nous invitons M. le ministre de l'Habitat à se déplacer à Béjaïa pour constater de visu la léthargie dans laquelle se morfond son secteur. Nous sommes vraiment lésés. On ne sait pas pourquoi notre wilaya est l'une des régions qui enregistrent le plus grand retard en matière de réalisation de ses programmes de logements ?", fulmine un sexagénaire, visiblement désespéré d'attendre son logement depuis 16 ans ! Selon lui, certains souscripteurs ont déjà rejoint leur dernière demeure avant même de réaliser leur rêve le plus cher à savoir, "avoir un toit décent !", a-t-il déploré les yeux larmoyants. "Quand j'avais déposé mon dossier en 2001, au niveau de l'agence AADL de Béjaïa, c'était dans l'espoir d'avoir un logement pour me marier. Aujourd'hui, j'attends toujours la remise des clefs pour marier mon fils !", ironise un autre souscripteurs, âgé d'une cinquantaine d'années. À noter qu'au lendemain de cette action de protestation, le wali par intérim de Béjaïa, Toufik Mezhoud, a convoqué une réunion extraordinaire avec l'ensemble des responsables en charge de la réalisation des différents programmes de logements lancés à Ighzer Ouzarif, sur les hauteurs de la commune d'Oued Ghir. Lors de cette séance de travail, tenue au siège de la wilaya de Béjaïa, le wali intérimaire a instruit le directeur de l'urbanisme à l'effet d'accélérer les travaux de viabilisation au niveau de la première tranche de ce nouveau pôle urbain, composée de 1 000 logements AADL et 800 logements LPL. Selon un communiqué de la cellule de communication de la wilaya de Béjaïa, le chef de l'exécutif de la wilaya a également invité les représentants des bénéficiaires des logements AADL ainsi que les entreprises chargées de réaliser les logements au niveau de ce site à assister à cette réunion. Le bureau d'études de l'Urbase, en sa qualité de maître d'œuvre, a présenté la situation actuelle ainsi que l'état des projets de réalisation des logements du nouveau pôle urbain d'Ighzer Ouzarif. "Plusieurs contraintes ayant entravé l'achèvement du projet ont été levées, grâce à l'intervention de monsieur le wali", a tenu à rassurer la responsable de l'Urbase. Pour sa part, M. Mezhoud, a profité de la présence des chefs d'entreprise pour exiger de leur part "un respect des délais ainsi qu'une meilleure qualité". "Aucun retard ne sera plus toléré à l'avenir", a-t-il averti, avant d'ajouter que "nous voulons une ville intelligente, moderne, verte et connectée au niveau de ce site d'Oued Ghir". À signaler qu'un chef de projet a été désigné le jour même par le wali pour le suivi sur place du chantier de réalisation de la nouvelle ville à Ighzer Ouzarif. KAMAL OUHNIA