Le secrétaire général de l'Alliance nationale républicaine (ANR), Belkacem Sahli, s'est fendu, hier, d'un communiqué à travers lequel il informait l'opinion qu'il se proposait pour une médiation dans le conflit qui oppose la majorité au niveau de la Chambre basse du Parlement au président de l'Assemblée nationale populaire (APN), Saïd Bouhadja. Le premier responsable de l'ANR s'est découvert une âme de philanthrope politique au sortir d'une audience que lui a accordée, hier, le président contesté de l'APN. Une audience à l'issue de laquelle, affirme-t-il, il croit avoir décelé chez Bouhadja une disponibilité au dialogue avec ses adversaires. Ce qui ne peut pas être faux, puisque, dans ce conflit inédit qui tient l'opinion nationale, voire même internationale, en haleine, le président de l'APN est la victime de la fronde et non son auteur. Les députés du FLN, du RND, de Taj et du MPA, qui ont pétitionné contre Bouhadja et ont déclenché une grève parlementaire, se sont mobilisés pour une démission non négociable de leur président. Une attitude qui ne laisse pas beaucoup de chance de réussite à cette offre de bons offices de l'ANR. De plus, le secrétaire général de l'ANR sera-t-il écouté par les députés de la majorité, lui dont le parti s'est tenu à l'écart de cette levée de boucliers contre Bouhadja ? La coalition, si l'on peut qualifier ainsi cette union contre le président de l'APN, pourrait bien reprocher son attitude à l'ANR. Par ailleurs, à travers son initiative, Belkacem Sahli trahit sa méconnaissance des tenants et aboutissants de la crise qui secoue le Parlement. Comme bon nombre d'autres responsables de partis politiques, au demeurant. Car, même si elle se décline en crise parlementaire, ce qui se passe présentement à l'Assemblée n'est en fait que l'expression d'un grand malaise au sommet de l'Etat, devenu, à l'approche de l'élection présidentielle d'avril 2019, le théâtre d'affrontements politiques profonds. L'issue à la crise ne saurait, cela dit, être le fait d'une médiation partisane. Elle dépendra du rapport de force qui naîtra du bras de fer engagé par les protagonistes qui, pour l'heure, se gardent de sortir de l'ombre. Sans nul doute. Aussi, la médiation proposée par Sahli apparaît comme une coquetterie politique, tant est qu'elle est éloignée de la réalité de la crise. La résistance dont fait preuve Saïd Bouhadja, soumis à une terrible pression, laisse comprendre que l'homme n'est pas seul, que, comme il l'affirme lui-même, les raisons de la crise ne sont pas liées à sa personne, mais sont ailleurs. Le président de l'APN ne dit pas clairement dans quelle direction regarder, mais il semble inviter à regarder la lune et non le doigt qui la montre. S. A. I.