Six mois exactement après avoir organisé un sommet international sur les "Smart cities" (villes intelligentes), Alger a renoué, hier, avec la même thématique. C'était à l'occasion d'une rencontre-débat organisée au siège de la commission nationale pour I'Unesco (place Addis-Abeba, Alger) et à laquelle ont assisté des représentants de secteurs différents. Effectivement, le thème choisi ne pouvait pas laisser indifférent : "Ville intelligente, ville intelligible, citoyens, villes et médias : l'éducation aux médias et à l'information en milieu urbain." Un intitulé qui donne d'emblée l'aspect multidisciplinaire que le débat allait toucher. Animée par Ahmed Benzelikha, expert en communication et en digital (et également président du comité communication et information de la commission nationale pour l'Unesco), la conférence a été programmée dans le cadre de la semaine mondiale (du 24 au 31 octobre) d'éducation aux médias et à l'information. L'occasion pour le conférencier de revenir sur l'importance de la "bonne conception" d'une ville, en choisissant une terminologie précise et avec des arguments pointus. D'emblée, et pour démontrer l'importance du sujet, Ahmed Benzelikha a tenu à remettre en cause la fameuse expression "village global" du théoricien de la communication canadien, Marshall McLuhan. L'expert algérien lui préfère une autre, plus "adéquate" avec la réalité : "Le monde est devenu une ville globale." Il s'est appuyé sur les statistiques de 2017 de la Banque mondiale. "55% de la population mondiale vit dans les villes alors qu'en 1960 elle était de 33%", précise-t-il. Pour l'Algérie le taux est bien plus important. Il a ainsi indiqué que 72% vivent dans les villes alors qu'ils étaient 30% en 1960. Concernant le projet "smart city" bien cher au wali d'Alger, le conférencier a appelé à aller plus loin que les slogans "l'engagement c'est bien, la concrétisation c'est mieux". Tout en évoquant l'importance prise par les nouvelles technologies dans tous les secteurs, Ahmed Benzelikha a tenu à rappeler qu'il était d'accord pour "un monde numérisé", mais en insistant sur l'humanisation des procédés. Et pour y arriver, l'EMI (éducation aux médias et à l'information) est, selon lui, la plus indiquée pour appuyer l'intelligence des villes "par l'intelligibilité et l'éthique". Pour cela, il a appelé à "saisir la révolution numérique pour la transformer en révolution sociale" en vue de créer une citoyenneté active. Le débat suscité par la conférence était d'ailleurs des plus fructueux. Les nombreux intervenants représentant le ministère de l'Education, les médias, ou encore l'université, ont donné, chacun à sa manière, leur point de vue dans une ambiance "studieuse". Toutefois, et malgré l'importance et l'attractivité de la thématique, aucun représentant de la wilaya ou d'une APC, pourtant invités officiellement, n'était présent à la conférence-débat. Un désintérêt qui en dit long sur l'importance donnée au palpable, au-delà des slogans. Salim KOUDIL