Révolution attendue au Real Madrid. Au lendemain de l'humiliante défaite dans le Clasico à Barcelone (5-1), les heures de Julen Lopetegui sur le banc merengue semblent comptées et toute la presse espagnole fait, hier, de l'Italien Antonio Conte le grand favori pour lui succéder. Après cette défaite mouvementée sur la pelouse du Camp Nou, place à l'agitation dans les bureaux du stade Santiago-Bernabeu où, selon les médias espagnols, doit se tenir en fin d'après-midi une réunion du conseil d'administration du Real avec un sujet au menu : la destitution de Lopetegui. Le technicien basque avait pourtant signé pour trois ans cet été, acceptant le lourd défi de succéder à Zinédine Zidane, triple tenant de la Ligue des champions. Mais impossible de ressortir indemne d'une telle déroute face à l'éternel rival blaugrana, la cinquième défaite en 7 matches toutes compétitions confondues. "Festival létal", a cruellement titré hier le quotidien sportif madrilène As, rappelant que le Real est désormais neuvième de la Liga (14 pts), derrière Levante, Valladolid ou Getafe, et à 7 longueurs du leader Barcelone (21 pts). Bref, il semble que Lopetegui (52 ans) va tout perdre en l'espace d'un été, renvoyé de la sélection espagnole juste avant le Mondial pour avoir négocié avec le Real dans le dos de sa fédération, puis limogé du Real pour insuffisance de résultats et humiliation en Mondiovision. "Le score final a atteint des niveaux scandaleux, une joie pure pour les ‘barcelonistes', un profond abattement pour les ‘madridistes', qui s'y attendaient", résume dans un éditorial Alfredo Relaño, directeur d'As. Et plus que vers Lopetegui, les doigts accusateurs se tournent désormais vers le président madrilène, Florentino Pérez, dont la gestion est très critiquée, notamment le fait de n'avoir pas remplacé la superstar Cristiano Ronaldo partie cet été à la Juventus Turin. "Ce n'est pas seulement la faute de Julen", titre Marca, quotidien sportif le plus lu d'Espagne. Que retenir du bref passage de Lopetegui ? Ses évidentes qualités de technicien, invaincu sur le banc de la "Roja" (2016-2018), ont vite été éclipsées par l'usure d'un groupe merengue rassasié de titres. Et son mandat a été placé sous le signe de l'urgence, avec une défaite dès son premier match officiel, un derby madrilène contre l'Atlético mi-août en Supercoupe d'Europe (4-2 a.p.). Pris par le temps, Lopetegui a dû reconstruire de zéro une équipe qui s'était reposée pendant 9 ans sur les buts de Ronaldo. Pour tout remplaçant, Florentino Pérez n'a fait venir que le modeste attaquant lyonnais Mariano Diaz. Les blessures et les méformes de plusieurs Mondialistes (Modric, Ramos...) n'ont pas aidé "Julen". Pas plus que les recrutements opportunistes de Pérez, qui a accumulé les gardiens avec l'arrivée de Thibaut Courtois, et misé 45 M d'euros sur un jeune Brésilien prometteur, Vinicius, mais jugé trop tendre par Lopetegui. Reste à savoir qui sera officiellement le 13e entraîneur de l'ère Pérez (2000-2006 et depuis 2009), alors que la presse évoque un possible scénario en deux temps : un intérim de l'entraîneur de la réserve, l'Argentin Santiago Solari, peut-être dès l'entraînement d'hier et le match de Coupe du Roi à Melilla (3e division) demain, et les possibles débuts de Conte au Bernabeu samedi contre Valladolid en Liga. Le profil de Conte (49 ans), "un fort caractère dont la priorité est le résultat" selon Marca, tranchera avec la bienveillance et la liberté tactique offertes par Carlo Ancelotti (2013-2015), Zidane (2016-2018) ou Lopetegui et pourrait remettre au travail certaines stars jugées trop dilettantes, comme Gareth Bale, dimanche. Si le calendrier très abordable du Real en novembre facilitera la greffe, le nouvel entraîneur devra faire avec les carences de l'effectif merengue et l'absence d'un véritable finisseur. En outre, Conte, ancien technicien de la Juventus (2011-2014) et de Chelsea (2016-2018) et surnommé le "Marteau" en Italie pour son exigence et sa minutie tactique, présente un côté conflictuel potentiellement explosif dans l'environnement inflammable du Real Madrid. Le capitaine Sergio Ramos a d'ailleurs lancé un avertissement dimanche : "Le respect, cela se gagne, cela ne s'impose pas. Parfois, la gestion du vestiaire est plus importante que les connaissances techniques."