Poursuivant sa tournée à travers les centres d'examen du BEF, la première responsable de l'Académie d'Alger a visité, hier, le centre de rééducation et de réadaptation d'El-Harrach. 29 détenus dont deux jeunes filles postulent pour cette épreuve. L'examen a lieu dans la salle des cours de la prison d'El-Harrach. Selon le directeur du pénitencier “4 autres détenus devaient prendre part à cet examen. Ils ne se sont, hélas, pas présentés, car ils ont quitté la prison”. Un geste que M. Boumaïza a qualifié de “regrettable”, car les quatre ex-détenus auraient pu réussir à l'examen et faciliter leur insertion. Heureusement que les autres détenus inscrits à l'épreuve n'ont pas baissé les bras. D'autant que nombreux parmi les 29 candidats sont ceux qui purgent des peines très lourdes et entament la quarantaine. Mais il semblerait que leur volonté est aussi grande que l'immense établissement d'El-Harrach. Quelque peu gênés par l'arrivée de la délégation, les regards et autres indiscrétions de la presse, les détenus candidats n'ont pas caché leur regret d'avoir à vivre cette situation. L'un d'eux éclate en sanglots à l'écoute des déclarations rassurantes et compatissantes de l'inspectrice de l'Académie d'Alger. “La société veille à votre réinsertion et ne compte en aucun cas vous faire payer une erreur quelle qu'elle soit toute votre vie”, souligne Mme Younsi, et d'ajouter : “Je suis là pour vous soutenir car je suis une maman avant toute chose”. Pour Mme Younsi, il est nécessaire de se débarrasser du “complexe et donner une seconde chance aux détenus”. Abondant dans le même sens, le directeur du pénitencier d'El-Harrach revient sur les mesures prises par son administration pour encourager les détenus à poursuivre leurs études. Mieux à décrocher des diplômes et réussir avec mention. “L'an dernier, nous avons eu 16 candidats au BEF, 13 ont été admis. Et sur les 27 candidats au bac, 13 ont réussi dont deux avec mention”. Pour l'épreuve du baccalauréat prévue le 11 juin prochain, la prison d'El-Harrach compte 45 candidats dont 2 filles. Le pénitencier dispense également onze filières de formation professionnelle pouvant faciliter la réinsertion sociale des détenus. Nombreux, d'ailleurs, sont ceux qui ont quitté le monde carcéral avec un diplôme en poche. Ce qui leur a permis de faire face à de nombreuses contraintes et d'éviter “la récidive”. “Le retour d'un ex-détenu, surtout un jeune, est très mal vécu ici. Les familles doivent prendre toutes les dispositions pour prévenir la récidive”, regrette un responsable. Pour revenir à l'examen du BEF au pénitencier d'El-Harrach, les candidats n'ont rien à envier aux élèves scolarisés. “Ils ont eu droit au même programme scolaire et les mêmes modes d'admission leur seront appliqués”, explique le directeur de la prison. Et de préciser que dans le cadre de la réforme du secteur de la justice, les détenus peuvent bénéficier de formules d'emprisonnement moins contraignantes et citera la liberté conditionnelle et la semi-liberté. Cette dernière formule est appliquée par exemple pour les étudiants. C'est le cas d'une détenue étudiante en interprétariat qui poursuit ses cours au campus et entre directement sans surveillance au pénitencier d'El-Harrach. Une prison dont la population carcérale dépasse les 3 000 et seulement près de 500 optent pour une formation professionnelle ou l'enseignement. La délégation quitte la prison d'El-Harrach vers le lycée Abane-Ramdane à El-Mohammadia où des candidats au BEF composent. Au programme de la matinée, l'épreuve de langue anglaise. MALIKA BEN