Il a été conclu, hier, entre les membres de l'alliance “de tenir des élections locales en Kabylie conformément aux mécanismes usités en la matière en temps opportun”. Désormais, c'est Abou Djerra Soltani, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui assure la présidence de l'alliance présidentielle. Elle lui a été transmise hier au siège de son parti à l'occasion de la rencontre tenue avec Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, et Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND. Un passage de flambeau qui s'est déroulé dans une ambiance bon enfant et en présence des cadres et ministres des trois partis. Les chefs des 3 formations ont tous encensé cet agrégat politique qu'est l'alliance présidentielle, constituée le 16 février 2004 pour porter alors la candidature de Abdelaziz Bouteflika. Infirmant les “supputations” des journalistes sur les divergences au sein de l'alliance, le Chef du gouvernement lance à leur adresse et sur un ton de plaisanterie : “Vous constatez de visu qu'aucun chef de parti ne porte de blessure.” Un “tout va bien” démenti par Abdelaziz Belkhadem qui a déploré l'absence de concertation et de coordination entre les partis de l'alliance, aussi bien au sommet qu'à la base. “On ne doit pas s'allier juste pour l'alliance. La coordination doit se faire aussi bien au sommet qu'au niveau de la base et des assemblées élues, surtout quand il s'agit de questions stratégiques et sensibles. Mais loin des animosités et des manœuvres”, fera-t-il remarquer. Il n'a pu cacher sa déception vis-à-vis du dernier remaniement ministériel qui, a-t-il indiqué, “a laissé une bonne et mauvaise impression au niveau de notre base”. Abou Djerra Soltani a ouvertement assumé l'existence de divergences au sein de la coalition. “Nous avons divergé sur certains dossiers, et nous le sommes toujours. Si nous sommes d'accord sur le principe de la nécessité des réformes, ce n'est pas le cas des contenus.” Après avoir rappelé les 4 points sur lesquels les partis de l'alliance se sont mis d'accord, il clamera : “Oui à la réforme de l'école, mais non aux réformes qui heurtent la sensibilité et les intérêts du peuple, non au retour à l'Islam des émirs et aux mosquées sauvages.” S'adressant directement à Ouyahia, il lui a lancé : “Le jour où la question sera abordée en Conseil des ministres, nous allons dire notre mot. Nous avons confiance en la clairvoyance du président de la République qui saura arbitrer. Notre souhait est qu'il fera une bonne lecture de la Constitution qui stipule clairement que l'Islam est la religion de l'Etat.” Tout en reconnaissant “la nécessité de renforcer l'alliance localement”, Ahmed Ouyahia a, adroitement, refusé d'assumer la responsabilité de l'absence de coordination et de concertation au sein de l'alliance. “Nous avons soutenu le programme d'un candidat plébiscité par le peuple algérien. Nous sommes restés fidèles à ce programme. Celui qui a été à ses côtés quand il a fallu gagner la confiance et les suffrages du peuple a un peu plus d'engagement moral et d'engagement dans le travail”, affirme-t-il encore. L'allusion est bien claire. Néanmoins, c'est lors de la lecture de la déclaration finale par Abou Djerra Soltani, le président du MSP, que les points de convergence entre les leaders du MSP, du RND et du FLN ont été rendus publics. Il a été conclu entre les membres de l'alliance “de tenir des élections locales en Kabylie conformément aux mécanismes usités en la matière en temps opportun, avec tout ce qui est à même de garantir l'unité nationale et les intérêts des citoyens”, a indiqué Abou Djerra Soltani. La campagne de déstabilisation et de pression s'exerçant sur les élus dans le cadre de l'opération “mains propres”, dénoncée par le FLN, a également suscité l'intérêt des trois chefs de parti. Abou Djerra Soltani indiquera à cet égard qu'“il a été conclu l'arrêt définitif de toutes sortes de pressions et de menaces de retrait de confiance aux élus”. Le chapitre relatif au manque de prérogatives des élus n'a pas été non plus laissé en reste. Il a été ainsi décidé, conformément à la revendication du FLN, de revoir les prérogatives des élus dans les assemblées locales. “Nous affirmons le respect des prérogatives des élus avec la clarification de leurs rapports avec les pouvoirs publics et le respect de leurs prérogatives.” La loi portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés, adoptée par le Parlement français le 23 février dernier, a également été abordée. Il a ainsi été indiqué que “l'identité nationale est la valorisation de notre histoire, et dans ce cadre, nous dénonçons la loi du Parlement français en ce qu'elle constitue comme mystification de l'histoire et déformation de la vérité sur le colonialisme”. ARAB CHIH/NADIA MELLAL