Fort de son écrasante victoire électorale dimanche, qu'il assimile à un “plébiscite”, le Hezbollah a réitéré son refus de désarmer, comme l'exige la résolution 1559 de l'Onu, alors que pour les Etats-Unis, il reste une “organisation terroriste” qui doit rendre les armes. “Le Hezbollah est une organisation terroriste”, qui doit désarmer aux termes de la résolution 1559, malgré sa victoire de ce mouvement aux élections législatives libanaises, a déclaré lundi le porte-parole de la Maison-Blanche Scott McClellan. Le Hezbollah ne rendra pas les armes “même si Israël se retire des fermes de Chebaa” (sud-Liban), une zone contestée, occupée par Israël depuis 1967, a répliqué lundi à Paris Ali Daarmouch, responsable des relations extérieures du parti intégriste chiite libanais. Le mouvement intégriste a pris prétexte de la poursuite de l'occupation de ce territoire situé aux confins du Liban, de la Syrie et d'Israël, pour déclarer “inachevé” le retrait israélien du Liban-Sud en 2000. Avec son allié, le mouvement chiite prosyrien Amal, il a raflé tous les sièges au Liban-Sud. Il veut tirer profit de ce vote populaire pour ne pas désarmer, au moment où le retrait syrien du Liban lui a fait perdre un soutien de poids, estimait mardi la presse libanaise. “Le Hezbollah est en train de se doter d'une cuirasse parlementaire et populaire face aux pressions américaines”, a estimé le quotidien libanais As-Safir. Selon les pronostics électoraux, le Hezbollah, avec son allié Amal, pourrait disposer d'une trentaine de députés (sur 128), au sein du prochain parlement. Cette position lui permettrait de faire pièce aux plans de liquidation de son bras armé, estiment les analystes libanais. “Après les résultats des élections, qui constituent un plébiscite pour la résistance, personne, ni à l'étranger ni au Liban, ne pourra nous imposer de désarmer”, a martelé Mohammad Raad, chef du bloc parlementaire du Hezbollah. Quelques jours auparavant, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah avait affirmé que son organisation disposait de 12 000 roquettes katiouchas pointées sur Israël. Parallèlement, le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, a demandé à son représentant, Terje Roed-Larsen de se rendre à Damas, qui soutient le Hezbollah, “pour travailler ensemble à la poursuite de l'application de la résolution 1559”. Une seule clause de cette résolution, le retrait syrien du Liban, a été appliquée jusqu'à présent. La résolution demande aussi le désarmement du Hezbollah et des Palestiniens des camps de réfugiés au Liban, ainsi que le déploiement de l'armée libanaise à la frontière avec Israël. Le correspondant à Paris du quotidien libanais As-Safir, affirme que, Paris, étant plongé dans ses problèmes internes et européens, le Hezbollah s'inquiète du recul de l'influence modératrice qu'exercerait la France sur les Etats-Unis. Paris a parrainé avec Washington la résolution 1559. “Le président Jacques Chirac a réussi à faire reporter le désarmement du Hezbollah en avançant que ce dossier pourrait menacer la paix civile dans un pays qui vient de se débarrasser de la tutelle syrienne, mais qui semble fragilisé par une vague terroriste, qui s'est traduite notamment par une série d'assassinats”, écrit le journal, en référence à ceux de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri et du journaliste Samir Kassir. “Le recul de l'influence française risque de mettre Beyrouth à la merci (...) du gros bâton américain”, estime-t-il. L'appel du Hezbollah à la France et à l'Europe à “aider au dialogue interlibanais afin de favoriser l'instauration de la paix civile”, risque ainsi de rester lettre morte, selon un diplomate occidental à Beyrouth, qui a requis l'anonymat.