La chute des prix du pétrole avec un baril de brut sous les 60 dollars inquiète le top management de Sonatrach. En effet, son P-DG, Abdelmoumène Ould Kaddour, interrogé sur l'impact d'une baisse des prix du pétrole sur la compagnie pétrolière nationale, a répondu lors d'un point de presse organisé dimanche dernier, à l'issue de la cérémonie d'inauguration de la première centrale photovoltaïque réalisée en partenariat avec l'ENI, que la parade de Sonatrach à ce scénario est une augmentation de la production d'hydrocarbures de la compagnie en 2019. Il a cité le projet de développement des gisements dans le bassin de Berkine : Ourhoud II, Sif Fatima et Zemlet El-Arbi, en partenariat avec la compagnie italienne qui, mis en service en août 2019, pourront produire 56 000 barils équivalent/pétrole(Bep). Sonatrach pourrait extraire 120 000 Bep/jour si on ajoute la production de nouveaux gisements découverts situés à proximité. Il avait, samedi dernier, déclaré à ce sujet, lors d'un point de presse, que "cet effet yo-yo des prix n'est pas bon pour nous. Cela ne permet pas de planifier ce qu'on veut faire, ce n'est pas bon pour nous et pour le pays. Des prix oscillant entre 70 et 80 dollars sont plus justes pour l'Algérie et pour les pays producteurs". En d'autres termes, cette baisse des prix du pétrole, si elle se poursuit, aura des répercussions négatives sur les revenus de Sonatrach et, partant, sur les entrées en devises de l'Algérie. "Ça va chauffer", a-t-il résumé. Tout cela laisse entendre que si, en 2019, les prix du pétrole évoluent en moyenne à moins de 60 dollars, comme c'est le cas actuellement, voire même à moins de 70 dollars, Sonatrach serait contrainte de réviser à la baisse son plan d'investissement 2018-2022 d'un coût de 56 milliards de dollars. Elle avait déjà révisé à plusieurs reprises ce plan quinquennal d'investissement durant la période de baisse des prix du pétrole à partir de juin 2014, soit avant la nomination de l'actuel P-DG de la compagnie nationale. Abdelmoumène Ould Kaddour a néanmoins affirmé que l'année 2018 sera meilleure en termes de recettes par rapport à 2017. Ainsi, Sonatrach devra arbitrer dans ce scénario baissier entre plusieurs projets, définir les projets prioritaires et reporter le lancement d'autres chantiers importants. Selon une source sûre à Sonatrach, la hausse de la production d'hydrocarbures de Sonatrach pourrait, d'ailleurs, ne pas être très significative. En effet, d'après la même source, une partie des installations de gaz de Hassi R'mel seront à l'arrêt en 2019 en raison de gros travaux de rénovation. Ce qui va affecter la production gazière de Sonatrach. La même source a également indiqué que la hausse significative de la production d'hydrocarbures par Sonatrach n'interviendra qu'en 2020-2022, avec la mise en service de nouveaux gisements. La compagnie pétrolière compte résoudre ainsi l'équation volume. Mais pour les prix, tout dépendra des fondamentaux : l'évolution de la croissance économique dans le monde, le niveau de contrôle du marché par l'Opep. Cette situation montre encore une fois la fragilité de l'économie nationale qui reste très dépendante des fluctuations des prix du pétrole. K. Remouche