C'est un discours bref mais porteur de messages importants que Mokhtar Hasbellaoui, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, a adressé hier à Alger aux participants aux 2es Journées de l'industrie pharmaceutique algérienne (Jipa 2018). "La production pharmaceutique en Algérie s'est affirmée contrairement à d'autres industries encore très en retard. Cette évolution est due essentiellement à l'encouragement du président de la République pour que l'Algérie puisse se libérer des contraintes de l'extérieur et l'imposition de certains laboratoires internationaux", a-t-il indiqué, avant de poursuivre : "Plusieurs instructions et décrets ont été promulgués dans le sens de l'encouragement de la filière en passant par la protection de la production nationale et l'interdiction de l'importation des produits pharmaceutiques produits localement et en quantité suffisante." Il citera, alors, les différentes étapes, passant par l'encouragement de l'investissement à travers l'acquisition des terrains, l'enregistrement, la commercialisation et le remboursement. "Nous sommes en train de travailler actuellement sur les nouveaux textes réglementaires pour le laboratoire national de contrôle de la qualité pour aller vers un produit de qualité", a-t-il insisté, avant de verser dans un bilan chiffré : "Nous avons actuellement 175 unités de production de produits pharmaceutiques dont 92 sont spécialisées dans les médicaments. 354 projets sont en cours de réalisation parmi lesquels 74 sont en phase très avancée. On compte dans ce chiffre des usines qui vont produire des médicaments et des produits innovants, y compris ceux qui concernent les maladies cancéreuses." La production pharmaceutique locale couvre actuellement 53% des besoins nationaux pour les 2 800 spécialités. "60% de cette production couvrent les produits enregistrés en Algérie", a rappelé le ministre précisant, par ailleurs, que "parmi les producteurs locaux, il y a une dizaine qui s'est lancée dans l'exportation vers l'Afrique, et nous sommes en train d'encourager les exportations. Notre préoccupation est d'œuvrer pour que l'Agence africaine des médicaments soit localisée en Algérie". C'est dire toute l'attention que porte le gouvernement à l'industrie pharmaceutique en termes d'investissement pour la production et l'exportation. De son côté, le président de l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop), Abdelouahed Kerrar, avancera des chiffres révélateurs de l'évolution de la filière. On en retiendra l'augmentation des parts de marché qui sont passés, entre 2014 et 2018, de 41,7% à 52,2%. La filière, entre 2008 et 2017, a connu un taux de croissance annuel de 17% et la valeur de production dans l'intervalle multipliée par cinq, passant de 400 millions de dollars à 2 milliards de dollars. M. Kerrar a souligné aussi que "sans la croissance de la production nationale, la facture des importations aurait dépassé les 5 milliards de dollars en 2018". Nabila Saïdoun