Le coordinateur de l'instance dirigeante du FLN, Moad Bouchareb, qui se contente de virées rapides au siège du parti, aurait reçu l'instruction de se faire discret. à un mois de la convocation du corps électoral pour l'élection présidentielle d'avril prochain, la scène politique est plus que jamais plombée. Après l'opposition dont l'action est liée depuis bien longtemps à un éventuel geste émanant de la présidence de la République, les partis de "la majorité" présidentielle semblent mettre en veilleuse toutes leurs activités dans l'attente d'un signal d'Abdelaziz Bouteflika. Chez des partis du pouvoir, l'heure est désormais à l'attente. Depuis quelques semaines, tout le monde se rend à l'évidence que la candidature d'Abdelaziz Bouteflika est difficile à faire admettre. Exaucer le vœu du chef de l'Etat d'aller vers une présidence à vie devient un exercice compliqué. Les images montrant l'homme complètement absent, le 1er novembre dernier à El-Alia, n'ont pas été pour aider à la promotion du 5e mandat. Le doute est tel que depuis quelques jours, les communiqués des partis de l'alliance et des personnalités proches du pouvoir évitent de s'avancer sur une éventuelle candidature de celui qui incarne le régime actuel depuis bientôt vingt ans. L'idée de "la continuité" est toujours là. Elle est ressassée à longueur de communiqués. Mais il est, de moins en moins, question d'un nouveau mandat pour Abdelaziz Bouteflika. Abdelaziz Bouteflika, qui demeure toujours à la résidence d'Etat médicalisée de Zéralda, à l'ouest de la capitale, n'a visiblement pas livré ses volontés. Dans le cas où il déciderait de se représenter, toutes les figures du système se rangeraient derrière lui, malgré sa santé déclinante. Sauf que ce scénario s'éloigne de plus en plus et la thèse d'un successeur désigné ne semble pas être crédible non plus. Devant le doute, une partie de l'establishment, à commencer par les proches du chef de l'Etat, sort l'idée d'un report de l'élection présidentielle. Une idée suicidaire pour un système qui a toujours fait de la régularité des échéances électorales un argument de stabilité politique. Le scénario est difficile à défendre auprès de l'opinion. Face à un écueil juridique certain, puisqu'aucune loi n'évoque cette situation, les promoteurs de cette probabilité réfléchissent à une issue, vraisemblablement pas facile à trouver. En attendant, des figures du système s'activent, en coulisse, pour se positionner en outsider. C'est ainsi qu'Ahmed Ouyahia tient depuis quelques semaines à soigner son image d'homme d'Etat. Il enfile un costume de présidentiable en profitant notamment de son poste de Premier ministre qui lui permet de recevoir des personnalités importantes en visite dans le pays, le secrétaire général du RND se place en garant de "la continuité". En face, Abdelaziz Belkhadem active ses réseaux. L'ancien secrétaire général du FLN, redevenu fréquentable après avoir été congédié en 2014, a constitué une équipe restreinte à Alger. Selon des sources qui s'intéressent aux actions de l'ancien chef de gouvernement, un ancien membre de son cabinet FLN serait même en train de sonder les structures de base de l'ancien parti unique. Pendant ce temps, les partis politiques qui soutiennent Abdelaziz Bouteflika sont dans l'expectative. Au FLN, l'élan suscité par la désignation de Moad Bouchareb comme coordinateur du parti est subitement stoppé. Le nouvel homme fort du parti se contente, depuis quelques jours, de quelques sauts au siège d'Hydra pour signer des documents internes. Aucune activité politique, ni organique n'est prévue en dehors des préparatifs en cours pour les élections sénatoriales du 29 décembre. Bouchareb aurait même reçu l'instruction de se faire discret. L'installation de la commission exécutive qui sera chargée de préparer le congrès extraordinaire est reportée sine die. Autant dire que toute l'activité politique est mise en veilleuse ! Ali Boukhlef