Incarcéré à la prison du Coudiat de Constantine depuis le 31 octobre dernier, le coordinateur du mouvement Mouwatana dans cette wilaya, Abdelkrim Zeghilèche, a été libéré, hier en fin de journée, au grand soulagement de sa mère et de son frère Moumène qui l'attendaient devant le portail de la prison située en plein cœur de la ville. La nouvelle de sa libération, apprise seulement vers 16h par ses avocats et proches, a fait que très peu de sympathisants du tonitruant blogueur et animateur de la radio web, qu'il avait lui-même créée en 2015, étaient présents à sa sortie de prison. Lundi passé, Abdelkrim Zeghilèche a comparu devant le juge d'instruction du tribunal correctionnel de Constantine situé à la cité Ziadia dans le cadre d'une deuxième affaire instruite à son encontre, et pour laquelle, il a été placé sous mandat de dépôt à la suite d'une perquisition au siège de la radio web qu'il dirigeait, une semaine seulement après son arrestation, par des policiers devant son domicile pour une première affaire de diffamation après une plainte d'un activiste du mouvement associatif connu sur la place de Constantine, notamment au sein des comités de soutien au président Bouteflika depuis le début des années 2000. Ses avocats, dont Me Moumène Chadi, présent à sa sortie de prison, qui avaient déjà introduit une requête pour sa mise en liberté conditionnelle, ont renouvelé leur demande ce lundi, notamment en raison de la dégradation de l'état de santé du militant de Mouwatana. Demande à laquelle le juge d'instruction en charge de cette deuxième affaire a accédé 24 heures seulement après l'audition de Abdekrim Zeghilèche qui a curieusement porté sur la diffusion via un moyen électronique d'émission radiophonique sans autorisation. Car, en effet, le prévenu était poursuivi dans la cadre de cette deuxième affaire de pas moins de cinq chefs d'inculpation, à savoir la diffusion radiophonique via un moyen électronique sans agrément, outrage à fonctionnaire lors de l'accomplissement de ses missions, atteinte à l'image du président de la République, ingérence sans qualité requise dans les missions (fonctions) publiques et civiles et exercice d'une activité commerciale en dehors des chapitres du registre du commerce. Le 13 novembre dernier, Abdelkrim Zeghilèche a comparu devant le tribunal de Constantine dans un procès placé sous haute surveillance à la suite des appels à la mobilisation pour soutenir le militant de Mouwatana, victime, selon les leaders de ce mouvement, de l'arbitraire et d'une machination politique tentant de réduire au silence les opposants au 5e mandat du président Bouteflika. Le 27 du même mois, il est innocenté des chefs d'inculpation passibles de peines d'emprisonnement, à savoir outrage à fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions et atteinte à la vie privée d'autrui et est quand même reconnu coupable de diffamation. Une peine de deux mois de prison avec sursis assortie d'une amende de 50 000 DA a été alors prononcée à son encontre, mais il restera quand même en prison puisqu'il était sous le coup d'un deuxième mandat de dépôt. Abdelkrim Zeghilèche avait été arrêté une première fois le 8 septembre dernier lors du rassemblement empêché du mouvement Mouwatana à Constantine, et une seconde fois le 6 octobre lors d'un sit-in qu'il a initié au nom de la coordination de Mouwatana pour dire non à un 5e mandat pour le président Bouteflika. Entouré des siens, mais affaibli par les 48 jours d'incarcération, Abdelkrim Zeghilèche, qui demeure tout de même sous contrôle judiciaire, dira, dès sa sortie de prison hier, que "le vrai combat commence maintenant". Kamel Ghimouze