Le prévenu restera en prison, même s'il est acquitté lors de ce procès, puisqu'il fait l'objet d'un mandat de dépôt dans une autre affaire. Quelle que soit la sentence rendue ce mardi par le tribunal correctionnel de Constantine dans l'affaire en diffamation intentée par l'activiste du mouvement associatif, Mohamed Latafi, contre le coordinateur de Mouwatana à Constantine, Abdelkrim Zeghilèche ne quittera pas sa cellule. De nouvelles charges, plus lourdes encore, pèsent sur ce dernier puisque la chambre d'accusation a retenu pas moins de cinq chefs d'inculpation contre lui, dans le cadre d'une deuxième affaire instruite depuis la perquisition effectuée par la police dans les locaux de la radio web qu'il dirige et la saisie de tout le matériel qui s'y trouvait dont les microordinateurs. Abdelkrim Zeghilèche, qui s'est retrouvé de facto sous le coup d'un deuxième mandat de dépôt qui a fait l'objet d'une demande de mise en liberté conditionnelle introduite par ses avocats et rejetée par le procureur de la République près le tribunal de Constantine, restera donc en prison, y compris dans le cas de son acquittement ou d'une condamnation à une amende ou à une peine de prison avec sursis. Pis encore, l'affaire en instruction, qui l'obligera inéluctablement à comparaître une seconde fois devant le tribunal, risque d'être lourde de conséquences pour le prévenu. Une affaire qui a pris une tournure rocambolesque s'agissant d'une action civile, depuis la perquisition et la saisie du matériel de la radio web lancée par Abdelkrim Zeghilèche en 2015. Et il va sans dire que l'analyse par les enquêteurs dudit équipement, les ordinateurs notamment, aura servi à ficeler les charges retenues par l'accusation. Cinq chefs d'inculpation sont consignés dans le nouveau dossier, à savoir la diffusion radiophonique via un moyen électronique sans agrément, outrage à fonctionnaire lors de l'accomplissement de ses missions, atteinte à l'image du président de la République, ingérence sans qualité requise dans les missions (fonctions) publiques et civiles et exercice d'une activité commerciale en dehors des chapitres du registre de commerce. Des accusations que les défenseurs d'Abdelkrim Zeghilèche tenteront de démonter et certainement de politiser, considérant les activités du prévenu tant au sein du mouvement Mouwatana hostile à la perspective du cinquième mandat pour le président Bouteflika qu'au niveau de la radio web qu'il dirige ou encore des publications acerbes et très critiques qu'il commet sur les réseaux sociaux. D'ailleurs, l'une des charges contenues dans le premier dossier, qui est l'outrage à un fonctionnaire dans l'accomplissement de ses fonctions, a fait l'objet de toutes les interprétations de la part du collectif d'avocats constitués pour le défendre lors de l'assise du 13 novembre. Un procès qualifié par ces derniers d'éminemment politique, alors qu'on retrouve entre autre chef d'inculpation dans ce nouveau dossier, à savoir l'atteinte à l'image du président de la République, sachant que l'accusé est un fervent militant opposant au cinquième mandat. Aussi, la diffusion d'émission radiophonique via le web sans agrément qui risque de susciter des débats intéressants dans la mesure où toutes les lois de République, le code de l'information en particulier, n'interdisent ni ne soumettent un tel procédé à autorisation des pouvoirs publics. Ce sont, en effet, autant d'ingrédients qui vont peser sur le verdict qui sera rendu aujourd'hui dans une affaire qualifiée par la défense d'Abdelkrim Zeghilèche de machination pour faire taire un opposant politique. Assertion qui tient également son essence du fait que le plaignant n'est autre qu'un activiste de l'obédience qui a milité dans tous les comités de soutien au président de la République depuis 1999. Kamel Ghimouze