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"L'élection de 2019 est une chance pour réaliser la rupture"
Zoubida Assoul, présidente de l'UPC et porte-parole de Mouwatana
Publié dans Liberté le 23 - 12 - 2018

Ancienne juge, Zoubida Assoul a fondé l'Union pour le progrès et la citoyenneté (UCP) qu'elle préside depuis 2012. Elle est porte-parole du mouvement Mouwatana. Dans cet entretien, elle s'exprime sur l'actualité politique de l'heure.
Liberté : Il y a quelques mois, vous avez lancé le mouvement Mouwatana, en compagnie d'autres personnalités. Où en êtes-vous aujourd'hui ?
Zoubida Assoul : L'initiative de Mouwatana était pacifique. Elle propose une sortie de crise au système lui-même et pour l'Algérie. Nous sommes trois partis politiques, avec des représentants de la société civile, des syndicats, des intellectuels et des journalistes. On avait lancé un premier appel pour dire que l'Algérie était en danger et qu'on ne pouvait plus continuer dans la même voie. À côté de cela, rappelez-vous quand on avait signé la première lettre adressée au président de la République par sens des responsabilités. Nous avons écrit au Président tout en sachant que depuis qu'il a eu son AVC en 2013, ce n'était plus lui qui exerçait ses fonctions. Il y avait des personnes qui, légalement et constitutionnellement, ne pouvaient exercer le pouvoir au nom du Président. Parce que le Président est élu par le peuple. Et il ne peut rendre son mandat qu'au peuple. C'est ce dernier qui doit décider de qui doit remplacer le Président. Nous avions dit, à l'époque, que la situation s'était tellement dégradée dans notre pays, notamment sur le plan politique. C'était l'impasse. Ce n'est un secret pour personne ; depuis son élection, le président de la République a miné le travail politique et celui des partis. Les formations du pouvoir ont passé leur temps à dénigrer l'opposition. Ils ont oublié qu'à cause de cette attitude, le peuple algérien s'est complètement désintéressé de la politique. C'est un divorce définitif d'avec les institutions et ce qui peut représenter l'Etat. C'est cela le danger. Il suffit de voir aujourd'hui la situation des partis politiques, y compris ceux du pouvoir, pour se rendre compte du désastre. Regardez dans quelle situation est le plus ancien parti, à savoir le FLN. Il est dans la déliquescence, sans aucune structure. C'est un parti qui travaille dans l'illégalité.
Dans cette situation, à côté de l'impasse politique et économique et la crise morale, le pouvoir d'achat des Algériens se dégrade dangereusement. En 6 mois, le dinar a perdu plus de 30% de sa valeur. Nous avons pris nos responsabilités en tant que Mouwatana. Nous avons élaboré une charte des valeurs et des principes. Nous avons dit que ce mouvement était ouvert à tout le monde, à toute la société civile, à toutes les élites, là où elles se trouvent, en Algérie ou à l'étranger. Vous avez bien vu les actions que nous avons réalisées avec nos concitoyens à l'étranger. Des rassemblements ont été organisés par des Algériens à Paris, Lyon, Londres et Montréal. On continue de toute façon. Nous avons des échos très favorables. D'ailleurs, la communauté établie à l'étranger est la plus présente sur notre plate-forme électronique. Nous avons voulu faire un travail politique différent, sans bureaucratie. C'est pour cela que nous avons créé cette plate-forme numérique.
Lorsque nous avions lancé l'idée d'une campagne contre le cinquième mandat, nous sommes partis de l'idée que le quatrième mandat a été un blocage pour le pays. Ce n'est un secret pour personne. Aujourd'hui, tout le monde s'est rendu compte de cette évidence. Y compris les gens du pouvoir eux-mêmes. Ils savent cela, à travers les visites des chefs d'Etat étrangers qui étaient annulées, successivement, et l'absence de l'Algérie sur le plan diplomatique. Notre pays est absent de plusieurs sommets internationaux, y compris dans les rencontres où il pouvait jouer un rôle important parce que l'Algérie a une position respectable. À cause de la maladie du Président, l'Algérie est absente, car dans certains sommets, seul le président de la République peut être présent.
Nous avons donc décidé de faire le travail d'explication avec nos concitoyens. Nous avons expliqué notre feuille de route pour une sortie de crise. Vous nous avez suivis. Nous avons tenté de sortir à Alger, nous avons été réprimés. À Constantine, les autorités ont mis des camions-poubelles pour empêcher notre activité. Nous avons été tous arrêtés et certains d'entre nous ont été cloîtrés dans les hôtels pour nous empêcher de sortir. On a tenté une troisième fois à Béjaïa, nous avions été empêchés par les BRI (Brigade de recherche et d'intervention, de la police, ndlr). Nous avons décidé de faire la conférence nationale qui devait regrouper tous les adhérents de Mouwatana, le 13 octobre. Nous n'avions pas obtenu d'autorisation de la wilaya d'Alger. Nous avions tout de même pu tenir une rencontre élargie à 80 membres où nous avons adopté notre règlement intérieur, notre feuille de route de sortie de crise et la charte des valeurs et des principes. Aujourd'hui, le temps nous donne raison. Les partis politiques, du pouvoir comme de l'opposition, ont fini par suivre ce qu'avait dit Mouwatana. Vous avez un parti comme celui de Amar Ghoul, qui fait partie de la coalition et qui appelle à une conférence nationale. Or, nous avions appelé à un candidat consensuel mais sur la base d'une feuille de route. Nous avons précisé que nous n'étions pas là pour remplacer Bouteflika par quelqu'un d'autre.
Notre position principale est qu'il n'y a pas de cinquième mandat. Parce que dans ce cas, il y aura usurpation des fonctions du président de la République par quelqu'un d'autre qui ne répond d'aucune responsabilité devant le peuple. En deuxième lieu, nous avons fait une proposition de sortie de crise. Nous ne sommes pas en faveur du remplacement de Bouteflika par quelqu'un d'autre. Nous œuvrons pour l'avènement d'une rupture avec ce système de gouvernance. Nous avons donc émis une proposition selon laquelle le futur candidat de consensus sera choisi sur la base d'une feuille de route. On va lui demander de réunir l'ensemble de la classe politique, sans exclusion, d'élaborer une concertation pour l'élaboration d'une Constitution pour l'Algérie et non pour un président, un parti ou un groupe.
Là, vous semblez rejoindre la proposition du MSP…
Mais Mouwatana a fait ces propositions bien avant ! Il nous a rejoints. C'est très bien. Nous ne sommes pas dans une entreprise de compétition avec les autres partis politiques. Nous n'avons pas de problème de leadership, de celui qui est le premier ou le dernier. L'essentiel est de pouvoir élaborer une constitution avec la participation de tous. Une Loi fondamentale qui va donner une architecture institutionnelle qui garantit un Etat de droit, basé sur la séparation et l'équilibre des pouvoirs, chose qui n'a jamais été faite jusqu'alors. Il faut sortir de la mainmise du pouvoir exécutif sur les deux autres pouvoirs que sont le législatif et le judiciaire. On ne peut pas concevoir une démocratie ou un Etat de droit sans justice forte et indépendante. Pour cela, nous proposons que le Conseil supérieur de la Magistrature, qui régit la carrière des magistrats -promotion, mutation et discipline des magistrats- soit présidé par un magistrat de haut rang élu par ses pairs.
Qu'on sorte définitivement de la situation où le CSM est présidé par le président de la République. Savez-vous que depuis que le président est malade, le conseil supérieur de la Magistrature est présidé par le garde des Sceaux qui, lui, est membre du Gouvernement ?
Il ne peut pas être juge et partie. C'est lui qui fait la politique judiciaire dans le secteur, mais en même temps, c'est lui contrôle les magistrats. C'est un non-sens. C'est ce qui explique aujourd'hui tous les dérapages qu'il y a dans certains procès politiques qui se font gérer par des coups de téléphone qui viennent de l'administration, donc du pouvoir exécutif.
Le troisième élément est que la future Constitution doit donner un vrai rôle à l'opposition. Cela ne doit pas être uniquement dans les textes. Exemple : la commission des Finances de l'Assemblée doit être confiée à l'opposition. Parce que le gouvernement, qui décide des finances publiques, ne peut pas se contrôler en même temps. Le contrôle des finances publiques doit donc échoir à l'opposition. Il y a également la rationalisation de l'exploitation de nos richesses naturelles.
Au rythme de l'exploitation actuelle, nous n'allons rien laisser aux générations futures. Le gouvernement veut acheter la paix civile en dilapidant plus de 1200 milliards de dollars, avec des résultats médiocres sur l'économie algérienne. Bouteflika est arrivé au pouvoir en 1999, notre économie était dépendante à 98% des hydrocarbures. Il part en 2019, nous sommes toujours à 96%. Vous avec une économie parallèle qui fait 45% du PIB. Si nous avions fait au moins 2% d'intégration par année, nous en serons à 40% aujourd'hui. A-t-il réformé le système bancaire en 20 ans ? Rien.
Ces constats sont partagés par tout le monde. Que proposez-vous ?
Nous avons proposé une Constitution consensuelle qui passe par une voie référendaire. Le pouvoir constituant revient au peuple. Il faut qu'il y ait une assemblée constituante. Les lois importantes telles que celles relatives aux partis politiques, électorales, information associations, la publicité etc. doivent être révisées de sorte à ce qu'il y ait une véritable compétition entre les programmes et une égalité pour tous. Nous avons chaque fois demandé une haute instance de préparation et de contrôle des élections qui puisse annoncer même le résultat des élections. Dans l'état actuel des choses, les règles sont faussées. La loi électorale est faite sur mesure pour les partis du pouvoir. L'argent sale a pris le dessus sur les autorités, de l'aveu même du pouvoir. L'administration a aujourd'hui les clefs de la décision. On ne peut donc aller, dans ces conditions, vers des élections transparentes. C'est pour cela que dans notre initiative, on s'est dit qu'on va d'abord tracer une feuille de route.
L'élection de 2019 est une chance qu'on ne doit pas rater, pour réaliser cette rupture. Nous voulons cela à moindre coût, sans casse, sans violence, mais avec la responsabilité politique qui est la nôtre. Cela doit se faire avec les gens du pouvoir. On n'exclut personne. À l'intérieur du pouvoir, il y a des gens qui sont favorables au changement. L'essentiel est de sauver l'Algérie. Ce système-là ne peut plus continuer. La preuve est donnée par les harraga qui quittent l'Algérie en masse.
Au-delà des constats, à 4 mois de l'élection présidentielle, la scène politique est marquée par un flou total. Des rumeurs sortent et certains avancent, par exemple, l'idée d'une candidature en dehors de Bouteflika, mais de l'intérieur du système. D'autres évoquent la possibilité de reporter l'élection. Qu'en pensez-vous ?
Je dois d'abord préciser que nous sommes contre tout report ou prolongation de l'actuel mandat car c'est une violation de l'ordre constitutionnel et légal en plus de la morale politique. Nous défendons la tenue des élections dans les délais impartis par la Constitution et lois de la République. L'Algérie ne peut plus se permettre une telle dérive qui lui sera fatale.Je pense que tout le monde s'est rendu compte qu'après sa sortie du 1er novembre dernier, que le président Bouteflika est dans un état de santé qui ne peut lui permettre de briguer la magistrature suprême. En plus, l'Algérie a besoin d'un chef d'Etat qui puisse avoir une feuille de route, qui sache quoi faire de l'Algérie dans les prochaines années.
Mais cela ne peut se faire en ramenant un autre candidat à la place de Bouteflika. Si c'est pour continuer dans le même système, la même opacité, la même mainmise du pouvoir exécutif sur les autres pouvoirs, à quoi cela servirait ?
Dans son dernier rapport, la Cour des Comptes épingle presque la majorité des secteurs d'activité. Cela veut dire qu'il y a un problème. Voyez ce qui s'est passé à l'APN, le putsch qu'on a fait à l'ancien président, Saïd Bouhadja, qui fait pourtant partie du même parti du pouvoir. Aujourd'hui, nous avons deux présidents de l'APN. Quelle crédibilité donner au pays dans ce cas-là ? Ce même pouvoir se bagarre avec lui-même, ne respecte pas les règles élémentaires de fonctionnement des institutions. En quelques semaines, des journalistes et activistes ont été injustement incarcérés pour régler des comptes d'un certain nombre de clans. Nous considérons cela comme un danger pour le pays.
Si toutes les initiatives vont toutes dans le même sens, s'il y a une prise de conscience, y compris des gens qui sont aujourd'hui au pouvoir, il faut aller vers une candidature basée sur une feuille de route. Vers un changement profond des institutions, mais dans le calme, dans la concertation. Des concessions peuvent se faire progressivement jusqu' parvenir à un Etat de droit.
Mais en face, le pouvoir répond toujours que ce que vous proposez convient dans un moment de crise. Mais il refuse de reconnaître l'existence de cette crise. Le dialogue semble donc impossible. Dans ce cas-là, est-ce que vous serez d'accord pour une candidature commune de l'opposition ?
À Mouwatana, nous avons déjà évoqué cette proposition d'aller vers une candidature consensuelle. Cela ne nous pose aucun problème. Mais pour qu'il y ait consensus, il faut que les gens se rencontrent. Est-ce que le consensus c'est de venir et dire à tout le monde que "le consensus c'est autour de moi qu'il doit se faire"?
Le consensus c'est de se mettre autour d'une table, d'analyser la situation, les points forts et les points faibles, les chances de chaque candidature. La plus valable passe avec l'adhésion et le consensus de tous les autres. C'est cette candidature qui doit faire gagner l'opposition. Il faut mettre toutes les chances de notre côté.

C'est pour cela que le pouvoir accuse l'opposition d'être incapable de s'entendre sur un candidat…
Ceux qui disent cela sont responsables de la situation politique du pays. Nous, nous n'en sommes pas responsables. La situation du délabrement politique est le fait du pouvoir et des partis qui rôdent autour de lui. S'ils disent que nous sommes responsables, qu'ils disent quels sont les outils et les moyens qu'on donne à l'opposition pour s'exprimer, se rencontrer et exposer ses initiatives. Si chaque fois que nous voulons organiser une rencontre, on nous l'interdit, comme on nous empêche d'engager un travail de proximité avec les citoyens, comme on nous interdit l'accès aux médias, dans quel espace l'opposition peut-elle alors travailler ? Dans le ciel ? L'opposition travaille selon l'espace et les moyens dont elle dispose. Or, il ne nous reste que quelques journaux, les réseaux sociaux et des chaînes étrangères.
On est interdits de tout, y compris des chaînes privées. Aujourd'hui, pour peu qu'il y ait une volonté politique d'aller vers un débat réellement sérieux, nous sommes prêts à nous mettre autour d'une table. Mais personne ne doit imposer sa loi. On doit se mettre autour d'une feuille de route et s'entendre sur ce qu'on fera avec le nouveau président de consensus. On doit définir les urgences, parce qu'on ne doit pas continuer à naviguer à vue. Après cela, on pourra passer vers l'identité du candidat consensuel, en toute transparence. Loin des magouilles. Le pouvoir n'a pas le droit de nous dire : "Vous ne pouvez pas". C'est lui qui a passé son temps à casser l'opposition. Le résultat est que le peuple ne vote plus. Les gens ne distinguent plus le pouvoir de l'opposition. Qui peut changer cela ? Il n'y a que les gens du pouvoir qui peuvent le faire. Ils ont tous les moyens entre leurs mains. Nous n'avons que nos propositions. À titre d'exemple, nous évoquions à l'UCP la nécessité de développer les zones frontalières depuis plus de 6 ans. Voilà que le gouvernement semble s'intéresser, soudainement, au sujet. Ce ne sont que des effets d'annonce. Parce qu'en vérité, ce qu'il faut c'est une vraie décentralisation, une régionalisation, des pouvoirs élargis aux élus. Il faut un vrai partage des pouvoirs entre l'administration locale et centrale. Je connais l'administration centrale et son fonctionnement. Il y a eu le travail fait par la commission Sbih sur la réforme de l'administration et des missions de l'Etat. Elle a élaboré un rapport et établi un catalogue de mesures à court, à moyen et à long terme. Si Bouteflika avait appliqué ces recommandations dès 2003, l'Algérie serait aujourd'hui dans de bien meilleures conditions de développement local. Parce qu'on ne peut pas développer le pays sans développer les régions. Le pays produit aujourd'hui des harraga, des milliers de diplômés qui quittent le pays, faute de perspectives. Les problèmes sont donc connus. Les solutions aussi. Il faut juste les appliquer. C'est la preuve que nous faisons des propositions. Mais personne ne nous écoute. Lors des consultations sur la révision de la Constitution, nous nous sommes présentés avec des propositions. Nous avions même soumis un avant-projet de constitution élaboré par l'UCP.
J'avais dit à M. Ouyahia : "Tenez, je sais que vous n'avez pas la volonté politique. Nous vous donnons même le droit de prendre la paternité de ce projet. L'essentiel est que l'Algérie puisse avancer". Rien n'a été fait.
À la lumière de ce que vous venez de dire, l'opposition peut-elle encore jouer un rôle dans l'avenir ?
Je pense que le pouvoir est affaibli, acculé. Des signes sont là. À commencer par les partis du pouvoir qui changent de discours. Rappelez-vous, en janvier, Amar Ghoul disait que la campagne pour le 5e mandat avait commencé. J'avais d'ailleurs saisi la commission de surveillance des élections : M. Derbal, voyez comment ils ont commencé la campagne électorale sans que le corps électoral soit convoqué et que le président exprime sa volonté de se présenter. C'était une violation flagrante de la loi électorale. Aujourd'hui, le même Ghoul appelle à la tenue d'une conférence nationale. Cela veut dire que les partis du pouvoir se sont rendu compte que Bouteflika n'est pas en état de briguer un cinquième mandat. Ils seront bien obligés de revenir à la raison et d'écouter l'opposition.
Car ce que l'opposition proposait au moment de la sérénité va maintenant être fait dans l'urgence. Le pouvoir a toujours fonctionné dans la précipitation, dans l'urgence. Il pouvait faire ces réformes à temps et dans la sérénité au lieu de le faire sous la contrainte et dans la précipitation. Mais le pouvoir refait toujours les mêmes erreurs.
Ce qui intéresse les dirigeants, c'est se maintenir au pouvoir quel que soit le prix à faire payer pour l'Algérie. Or, la situation est explosive dans le pays. S'il y a encore des gens dans les institutions de l'Etat qui ont un peu de bon sens, ils doivent regarder du côté de l'opposition pour voir ensemble comment éviter au pays quelque chose de fatal. C'est comme cela que nous voyons les choses, aussi bien à l'UCP qu'à Mouwatana. Pour moi, la situation de mon parti importe peu quand c'est l'Algérie qui risque de sombrer. Dans ce cas-là, personne ne sera gagnant. C'est l'Algérie qu'il va falloir sauver. Une fois cet objectif atteint, chacun de nous présentera son programme aux Algériens. Ce sera à eux de choisir. Le moment venu, les Algériens sauront le faire. Je crois en l'intelligence des Algériens. Pour peu qu'on leur donne la chance, ce qui n'a jamais été fait. Le pouvoir ne doit pas faire rater à l'Algérie cette possibilité de passage générationnel pacifique vers la direction de ce pays.


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