Alors que Saad Hariri ne cache pas son optimisme de voir son gouvernement enfin annoncé après plus de sept mois de consultations, le puissant président du Parlement, Nabih Berri, est loin de partager cet avis. Le report, de semaine en semaine, de l'annonce de la composition du gouvernement libanais par Saad Hariri, qui dure maintenant depuis le mois de mai dernier, laisse le Liban plongé dans cette crise institutionnelle. Cette situation a fait réagir Nabih Berri, le président du Parlement libanais, qui demeure une personnalité incontournable dans le pays. Dans des déclarations hier au quotidien local Al-Akhbar, reprises par l'agence Reuters, le chef du mouvement chiite Amel a estimé que "des parties ne veulent pas que cette crise gouvernementale soit réglée". Les propos de Nabih Berri viennent jeter le trouble, car pas plus tard qu'hier, le chef du gouvernement désigné, Saad Hariri, assurait que "la formation de son cabinet est terminée et sa composition sera annoncée vendredi ou samedi (prochains) au plus tard". L'annonce de la composition du gouvernement dépend du retour de Faissal Karami, l'un des six députés sunnites, de son voyage vendredi, pour finaliser la liste de l'exécutif. Et la déclaration du chef du CPL, Gebran Bassil, dans laquelle il affirme qu''"ils voulaient que nous mentions mais nous ne mentons pas. Peut-être voulaient-ils que nous capitulions, mais nous n'arrêterons pas, jusqu'à ce qu'un gouvernement convenable soit formé pour redonner espoir aux Libanais pour les fêtes", résume on ne peut mieux la cacophonie entourant la formation du gouvernement de Saad Hariri. À noter que le mouvement chiite Hezbollah a affirmé dimanche qu'une solution à la crise liée à la formation du gouvernement était toujours possible et qu'elle était entre les mains du Premier ministre désigné, Saad Hariri. Nabil Kaouk, membre du conseil central du Hezbollah, a estimé que "les derniers développements sur le plan de la formation du gouvernement ont montré l'attachement du Hezbollah à la coopération pour faciliter la formation d'un cabinet d'union nationale", tout en soulignant qu'il n'y avait pas de divergences entre le Courant patriotique libre et sa formation sur le tiers de blocage. Mais, l'annonce par les six députés sunnites "pro-8 Mars", alliés au Hezbollah, du retrait du nom de Jawad Adra de leur liste de ministrables à présenter au président de la République, Michel Aoun, n'augure de rien de bon, car elle signifie qu'ils ne s'entendent pas sur le nom de leur représentant au sein du futur gouvernement. Selon les médias libanais, des discussions décisives entre les formations politiques pour la formation du gouvernement, dont l'annonce était pourtant imminente, se poursuivent depuis samedi, notamment concernant la répartition de certains portefeuilles ministériels, dont ceux de l'Information, l'Industrie, l'Agriculture et l'Environnement. En d'autres termes, rien n'est acquis, et le gouvernement libanais est loin d'être finalisé.