L'appel surprise au report de l'élection présidentielle d'avril 2019, lancé tel un pavé dans la mare, par le chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrezak Makri, n'a, visiblement, pas eu beaucoup d'échos au sein de la classe politique, y compris parmi les partis de l'Alliance présidentielle. Cela, quand bien même, apprend-on de sources crédibles, l'idée du report aurait été soufflée à M. Makri par des proches du cercle présidentiel. D'où, d'ailleurs, son rejet, à l'unanimité, par les formations de l'opposition. En effet, aucun parti de l'opposition, dont ses ex-alliés des défuntes entités, la Cnltd et l'Icso, n'a donné son onction pour cette option. Le facteur temps, nécessaire pour l'engagement d'un large dialogue en vue de dégager un consensus national et exhibé comme argument pour justifier un éventuel ce report de l'échéance électorale, ne passe, décidément, pas. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) avait été le premier à rejeter cette idée de report en arguant que le report de l'élection ne fait pas partie de la politique du président Bouteflika. Le parti d'Ali Benflis, Talaie El-Houriat, le Parti des Travailleurs (PT) et le Front des forces socialistes (FFS), pour ne citer que ceux-là, sont également contre le report de l'élection présidentielle. L'ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, n'est, non plus, pas enthousiaste par rapport à cette idée. Dans un entretien accordé à TSA, il a déclaré que "le report de la présidentielle ne servira à rien". La "clientèle" n'adhère pas non plus à l'appel lancé par le parti islamiste se proclamant de l'opposition depuis l'intronisation de M. Makri à sa tête, en remplacement d'Abou-Djerra Soltani, à la faveur du 5e congrès du MSP tenu en 2013. Le patron de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi-Saïd, qui compte parmi les serviteurs les plus zélés du pouvoir en place, n'a pas manqué, pour sa part, de rejeter, implicitement, l'idée du report, en appelant, avant-hier à partir d'Oran, à l'élection "massive" d'Abdelaziz Bouteflika pour un 5e mandat. Dans la même journée d'avant-hier, le coordinateur de "l'Instance dirigeante" du FLN, Moad Bouchareb, s'est, lui aussi, exprimé en faveur de la "continuité", même s'il a évité de parler du 5e mandat. Visiblement conscient de cette hostilité affichée et par l'opposition et par les partis du pouvoir par rapport son initiative, deuxième du genre après celle qu'il a engagée l'été dernier sur "le consensus national", M. Makri semble désormais comme "perdu", en raison du peu d'enthousiasme de la classe politique par rapport à son initiative. Sa confusion l'a poussé jusqu'à l'improvisation d'un procédé inédit. Il s'agit du lancement, depuis avant-hier, d'une sorte de sondage d'opinion à travers sa page Facebook sur les choix entre les options de "5e mandat", "prolongation du mandat à travers la tenue d'une conférence folklorique, sans consensus et sans réformes", allusion à l'initiative d'Amar Ghoul, "tenue, comme de coutume, d'une élection truquée susceptible de produire un Président aux pouvoirs immenses et une Constitution dysfonctionnelle sans pareille dans le monde" ou, enfin, "report de l'élection pour une période de transition d'une durée d'une année, à travers un consensus entre le pouvoir et l'opposition et des réformes constitutionnelles, politiques et électorales convenues d'un commun accord". Selon les résultats de ce "sondage" rendus publics, hier, "78,46%" des internautes seraient favorables au report de la présidentielle. Néanmoins, ces internautes sont dans leur majorité des militants du MSP et ne représentent donc pas l'opinion publique comme le prétend la direction de ce parti. Ainsi, et à moins d'une décision unilatérale du clan présidentiel, l'idée du report est loin de susciter l'adhésion de la classe politique, encore moins de l'opinion publique. Farid Abdeladim