Au fil des années, le phénomène des enfants abandonnés fait partie du décor de l'antique Thévest. Errant un peu partout, ces innocents ne semblent inquiéter personne, pas même les instances chargées de la protection de l'enfance. On les trouve partout, dans le marché des fruits et légumes, les stations de bus et de taxis, devant les restaurants, les cafétérias et, notamment, dans les dépôts à ordures. Ils sont vêtus n'importe comment, pieds nus et sales. Nul ne sait d'où ils viennent. Ils n'ont, apparemment, pas de famille. Certains proposent des sachets en plastique sur la place du marché des fruits et légumes contre 3 DA l'unité. D'autres, au contraire, dorment à la belle étoile et se nourrissent de restes trouvés dans les poubelles. Le plus dangereux, c'est que certains se droguent en reniflant de la colle. Ceux-là ont choisi d'élire domicile entre la muraille byzantine et sur les hauteurs d'un des plus prestigieux monuments de la ville : l'arc de triomphe de Caracalla, d'une hauteur de quatorze mètres, situé juste au milieu de la ville, et qui leur sert de mirador en cas de ronde de police. Mais cet édifice n'a pas été réalisé pour accueillir ce genre de personnes. Surtout quand il s'agit d'enfants sous l'effet de la drogue et qu'il faut faire des acrobaties pour parvenir à son sommet, il y a un risque réel de chute mortelle. Mohamed.B.