Les prix dépendront aussi du renforcement possible des sanctions américaines sur les exportations iraniennes et des capacités américaines à exporter leur pétrole. Hier, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars valait 57,91 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 1,96 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour le contrat de février gagnait 1,55 dollar à 46,64 dollars une heure après son ouverture. Les pays membres de l'Opep et la Russie se sont engagés début décembre à réduire collectivement leur production de 1,2 million de barilsjour à partir du 1er janvier pour résorber l'excédent d'or noir sur le marché et ainsi soutenir les prix qui ont chuté d'environ 40% depuis début octobre 2018. Dans le cadre de cet engagement, l'Arabie saoudite a ainsi exporté en décembre 7,25 millions de barils de brut par jour (mbj), soit 500 000 de moins que lors des deux mois précédents, selon des données compilées par l'agence Bloomberg à partir du suivi de navires pétroliers par satellite. "Riyad a pris de l'avance sur son engagement à réduire sa production, ce qui est considéré comme un signal encourageant", remarque Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Aussi, la production continue à reculer en Iran et au Venezuela tandis que "la capacité de la Libye à exporter est affectée par des conditions météorologiques défavorables", souligne également Andy Lipow. L'Opep a réduit ses pompages de 460 000 barils-jour en décembre selon une enquête de Reuters, la plus forte baisse depuis près de deux ans, et l'American Petroleum Institute (API) a fait état d'une diminution de 4,5 millions de barils des stocks aux Etats-Unis la semaine dernière. Selon un rapport de Moody's Investor Service, "la question clé, pour 2019, est de savoir si l'Opep et la Russie se montreront disciplinées, et de savoir ce qu'il se passera quand l'accord expirera en juin". Après avoir augmenté leur production pour faire face à une éventuelle pénurie, l'Arabie saoudite et la Russie se voient obligées de la réduire de nouveau pour compenser une forte augmentation de la production américaine. "Rien ne semble pouvoir entraver le développement des producteurs américains qui imposent leur cadence de production aux deux autres superpuissances pétrolières", a souligné, en décembre dernier, le groupe français Crédit Agricole, relevant que l'Arabie saoudite devient le fournisseur de pétrole d'appoint et se retrouve contrainte de suivre le rythme imposé par les Etats-Unis (sanctions sur le pétrole iranien, croissance de la production), si elle ne souhaite pas aggraver son déficit budgétaire. "Il n'est pas certain que les cours du pétrole voient l'horizon nettement embellir à partir du second semestre. Les producteurs américains pourraient bien profiter de la possible petite hausse des cours — suite à l'accord — pour rebondir à nouveau au second semestre, avec la mise en opération des nouveaux oléoducs dans le sud du Texas", a estimé le Crédit Agricole. Les prix du pétrole dépendront aussi du renforcement possible des sanctions américaines sur les exportations iraniennes, des capacités américaines à exporter leur pétrole et des nouvelles règles de l'Organisation maritime internationale sur les soutes maritimes. Le groupe bancaire français table pour 2019, sur un prix du pétrole entre 70 et 80 dollars le baril, permettant à l'Arabie saoudite d'équilibrer ses comptes. Cela lui imposera d'ajuster sa production au gré de la croissance de la production américaine et du marché pétrolier. Pour rappel, le cadrage macroéconomique retenu pour l'exercice 2019 table sur un prix de référence fiscal du baril de pétrole brut à 50 dollars le baril. Mais la balance des paiements nécessiterait, pour être équilibrée en 2019, un prix du baril de pétrole brut de 92 dollars, avec un profil de la balance des paiements qui se caractérise par un repli des exportations d'hydrocarbures. M. R.