La Russie a réduit progressivement sa production de brut, laquelle a déjà chuté de plus de 30 000 barils/jour par rapport aux niveaux d'octobre. à l'issue d'une semaine euphorique, qui s'est soldée par une hausse de 6% de la valeur du Brent et de 7,6% du prix moyen de la référence américaine, le WTI, l'Opep semble changer de discours et n'exclut pas qu'une réunion extraordinaire puisse être tenue avant l'entrevue prévue initialement en avril. Le ministre émirati de l'Energie, Suhail al-Mazrouei, a indiqué hier, que la réduction de 1,2 million de barils par jour convenue en décembre "est suffisante pour le rééquilibrage du marché". Laquelle décision, issue de la réunion Opep-non Opep, du 7 décembre dernier à Vienne, devrait "porter ses fruits dès ce mois de janvier" alors que le rééquilibrage du marché serait possible "dès le premier semestre de l'année", à en croire le ministre émirati de l'Energie, tablant sur une fourchette des prix oscillant entre 60 et 80 dollars le baril en 2019, contre une moyenne de 70 dollars le baril en 2018. Lors d'un forum sur l'énergie, organisé à Abu Dhabi, Suhail al-Mazrouei, a exclu l'éventualité que l'Opep puisse se réunir avec ses partenaires non-Opep avant la réunion d'évaluation prévue en avril, un mois avant la fin des dérogations accordées par l'administration Trump à huit pays les autorisant à commercer avec l'Iran. Le représentant américain pour le dossier iranien a indiqué, hier, que son pays n'allait pas accorder de nouvelles dérogations, remettant ainsi au goût du jour les inquiétudes ayant précédé le rétablissement, depuis le 5 novembre 2018, des sanctions américaines contre le pétrole iranien. Emboîtant le pas au ministre émirati de l'Energie, le ministre du Pétrole d'Oman, Mohammed Al-Rumhi, a déclaré à Bloomberg TV que l'accord conclu entre l'Opep et ses partenaires non-Opep, tels que la Russie et Oman, pouvait maintenir les prix à 60 dollars le baril. Il voit le brut se négocier aux alentours de 70 dollars le baril cette année. En attendant les rendez-vous d'avril et de mai prochains, les membres de l'Opep et leurs alliés non-Opep se sont mis à réduire leur offre depuis le 1er janvier dernier, ce qui a aidé, en partie, à redonner de la vigueur aux cours ; le Brent étant à plus de 60 dollars le baril, alors que la référence américaine a grimpé à plus de 51%, gagnant ainsi environ 10 dollars sur la semaine. Les deux poids lourds du marché, l'Arabie saoudite et la Russie, ont réussi, semble-t-il, à rassurer les investisseurs, confirmant d'importantes coupes dans leurs productions respectives. Le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh, a annoncé, mercredi, que le royaume réduirait ses exportations de 800 000 barils/jour (b/j) à 7,2 millions de barils par jour (mbj) en janvier contre 8 mbj en novembre. Une réduction supplémentaire de 100 000 b/j est prévue en février. La Russie a, à son tour, réduit progressivement sa production de brut ; celle-ci a déjà chuté de plus de 30 000 b/j par rapport aux niveaux d'octobre. "Les sociétés ont déclaré qu'elles pouvaient réduire leur production totale de 50 000 b/j en janvier", a déclaré, hier, le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak. La Russie reste loin de ses engagements conclus en décembre dernier et qui portaient sur une réduction journalière de 228 000 barils sur le premier trimestre de l'année. La production russe avait atteint une moyenne journalière de 11,418 millions de barils en octobre. Le pays de Vladimir Poutine a porté sa production à un record post-soviétique de 11,45 mbj en décembre. Durant ce même mois, la production de l'Opep a chuté de 530 000 b/j, un record depuis presque deux ans. La baisse attendue de l'offre libyenne et vénézuélienne, combinée à une éventuelle défection de l'Iran dès le mois de mai prochain, aiderait probablement ce retour à l'équilibre tant attendu du marché. La reprise des négociations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis est un facteur favorisant. Côté offre, même si la limitation de la production a permis de ramener le Brent au-dessus de 60 dollars le baril la semaine dernière, les prix restent inférieurs d'environ 30% à leur plus haut niveau des quatre dernières années. Ali Titouche