Le retrait des formulaires de souscription individuelle ne signifie pas forcément une participation au prochain scrutin présidentiel, explique une source proche de Talaie El-Houriat. Dans un communiqué succinct, rendu public, hier, l'ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, a annoncé son intention de se porter candidat à la présidentielle du 18 avril prochain. "J'ai adressé, ce jour, dimanche 20 janvier 2019, à monsieur le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, une lettre annonçant mon intention de constituer un dossier de candidature à l'élection à la présidence de la République", a écrit le président de Talaie El-Houriat, dans un communiqué rendu public. L'ancien SG du FLN a, néanmoins, précisé que sa participation "sera tranchée lors d'une prochaine session du comité central du parti, conformément aux statuts du parti et au règlement intérieur du comité central". Dans une interview accordée, en 2017, à Liberté, Ali Benflis avait tenu à rappeler, à ce propos, qu'en 2004 et en 2014, il s'était présenté à l'élection présidentielle en qualité de candidat libre. "Aujourd'hui, je dirige un parti politique qui fonctionne démocratiquement et qui décidera, le moment venu, sur la base de toutes les données qui seront disponibles, de l'opportunité d'une participation et, éventuellement, du choix de son candidat à cette élection", avait-il précisé. Une indication qui laissait la porte ouverte à d'autres décisions qui pourraient aller dans le sens contraire de son intention de se porter candidat à l'élection présidentielle. En effet, et selon une source proche de Talaie El-Houriat, le retrait des formulaires de souscription individuelle ne signifie pas forcément une participation au prochain scrutin présidentiel, mais, explique-t-on, le parti est prêt à faire face à cette échéance. "Pour nous, c'est encore le flou, cependant, nous avons 45 jours pour réunir tous les éléments et décider de la stratégie à adopter", affirme notre source. En effet, il ne fait plus aucun doute que la participation de Benflis à la course à El-Mouradia reste intimement tributaire de la décision de Bouteflika de briguer un cinquième mandat même si l'ancien chef de gouvernement a déclaré publiquement le contraire. Lors d'une conférence de presse animée le 11 novembre dernier, Ali Benflis avait affirmé que la décision de participer à l'élection présidentielle de 2019 n'est pas liée au cinquième mandat, mais tributaire du comité central du parti. La raison de ce wait and see réside dans la participation ou non de Bouteflika à ce scrutin. Au cas où il déciderait de se porter candidat à sa propre succession, il ne restera plus aucune place au suspense et les autres candidats ne seront que de simples comparses dans une pièce jouée à l'avance. En l'absence de garanties concernant l'élection présidentielle, on voit mal Benflis s'engager pour la troisième fois, et dénoncer, en aval, une fraude généralisée comme ce fut le cas en 2014. On se rappelle qu'au lendemain de la victoire de Bouteflika, la direction de campagne de Benflis avait publié un livre blanc sur la fraude électorale. Cet ouvrage de 278 pages dont la majorité contient des copies de documents, atteste de la fraude électorale en faveur du président-candidat Abdelaziz Bouteflika lors du scrutin d'avril. Des exemples de documents présentés comme preuves de la fraude électorale contiennent de faux procès-verbaux, des procès-verbaux signés à blanc, des documents qui prouvent la présence des noms de personnes décédées sur le fichier électoral à Sidi Bel-Abbès, des listes de personnes ayant voté indûment. Le livre parle également d'un fichier électoral gonflé de plus de 3 millions de voix, constituant une marge sur laquelle peut jouer le pouvoir en faveur du candidat Bouteflika "par le moyen du bourrage des urnes, du vote multiple ou du vote illégal pour autrui". Saïd OUSSAD