La rapporteuse spéciale de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires a annoncé hier qu'elle rendrait public en mai un rapport sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul. "Le rapport sera rendu public quelques semaines avant que je ne le présente au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU à Genève, donc probablement fin mai", a déclaré la rapporteure, Agnès Callamard, à des journalistes devant le consulat saoudien à Istanbul. Le rapport sera ensuite présenté lors de la session de juin du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, a précisé Mme Callamard, qui effectue depuis lundi une visite en Turquie axée sur le meurtre de Khashoggi. La rapporteuse ne s'est pas rendue dans le consulat saoudien hier, mais elle a émis le vœu de pouvoir le faire lors de sa visite qui s'achève en fin de semaine. "Nous avons adressé une demande au gouvernement saoudien pour accéder au consulat et aussi pour rencontrer des responsables saoudiens en Arabie Saoudite et nous attendons toujours leur réponse", a-t-elle dit. "Nous appelons respectueusement les autorités à nous y donner accès pendant notre séjour en Turquie", a ajouté l'experte. Au premier jour de sa visite en Turquie lundi, Mme Callamard avait été reçue par les ministres turcs des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu et de la Justice Abdulhamit Gül. Mme Callamard tente, lors de cette visite, de faire la lumière sur la mort, le 2 octobre 2018, de Jamal Khashoggi, tué par des agents saoudiens au consulat de son pays à Istanbul. Près de quatre mois après sa mort, le corps du journaliste, qui écrivait notamment pour le Washington Post, n'a toujours pas été retrouvé. Son assassinat a plongé l'Arabie Saoudite dans une grave crise diplomatique et a nettement terni la réputation du prince héritier Mohammed ben Salmane qui est accusé par des responsables américains et turcs d'avoir commandité le meurtre. Riyad a toutefois imputé ce meurtre à des éléments "incontrôlés". Le procès de 11 suspects s'est ouvert début janvier en Arabie Saoudite et le procureur général a requis la peine de mort contre cinq d'entre eux. Ankara a plusieurs fois souligné la nécessité d'une enquête internationale sur cette affaire, déplorant le manque de transparence de l'enquête saoudienne. R. I./Agences