Des agents d'APC découragent les électeurs qui souhaitent parrainer la candidature du général à la retraite, qui vise la collecte de 500 000 signatures. À la permanence électorale nationale du candidat à l'élection présidentielle, Ali Ghediri, l'activité est intense. Un incessant va-et-vient entre les bureaux anime le siège, situé dans un quartier retiré d'Hydra. "Nous recevons, du matin au soir, des chefs de partis politiques, des représentants de la société civile, des personnalités nationales et des citoyens. M. Ghediri s'entretient avec eux sans exception et sans protocole", révèle Me Mokrane Aït Larbi, coordinateur national de la campagne électorale. La présidente de l'UCP (Union pour le changement et le développement), Me Zoubida Assoul (également l'une des animateurs du mouvement Mouwatana), et la moudjahida Louisette Ighil Ahriz ont déjà communiqué publiquement sur leur adhésion à la candidature du général à la retraite à la plus haute fonction dans la hiérarchie de l'Etat. Qu'en est-il des autres ? "Des annonces se feront au moment opportun", soutient notre interlocuteur, assurant que la préparation de la campagne électorale avance à une bonne cadence. "Nous avons entamé l'opération de collecte des signatures au lendemain de la déclaration de candidature et du retrait des formulaires (le dimanche 20 janvier auprès du ministère de l'Intérieur)", a-t-il poursuivi. Il évoque aussitôt les écueils posés par l'administration locale. "Pendant 48 heures, les agents d'APC refusaient de légaliser les formulaires au motif qu'ils n'avaient pas encore reçu d'instructions. Pourtant la loi est claire", nous raconte Me Aït Larbi. Les entraves n'ont pas cessé, par la suite. Il affirme que dans certaines mairies, les fonctionnaires tergiversent à valider les signatures. "Ils ballottent le citoyen d'un bureau à un autre, lui disent de revenir parce que le cachet n'est pas disponible, ou que le responsable est absent… Tout est fait pour décourager les électeurs à souscrire pour la candidature d'Ali Ghediri. Nous contournons ces difficultés par la présence d'huissiers de justice", développe-t-il. Il nous remet en mains propres un communiqué qu'il comptait envoyer aux organes de la presse nationale dans la journée. "Au moment où la campagne pour la collecte des signatures de parrainage atteint sa vitesse de croisière, certaines APC multiplient les entraves, et parfois les intimidations contre les citoyens qui parrainent le candidat Ali Ghediri", a-t-il consigné dans le document. Il y est fait état aussi de filature de l'ancien haut gradé de l'ANP par des "inconnus à bord de véhicules banalisés. Même les membres de sa famille sont ciblés par des mesures de rétorsion indignes". Au regard de l'un des avocats les plus réputés du barreau d'Alger, "cette délinquance institutionnelle" ne pourra pas émousser la détermination du candidat et de son équipe de campagne à aller jusqu'au bout. "Nous interpellons le ministre de l'Intérieur pour rappeler à l'administration son devoir de neutralité, dans le respect de la Constitution et des lois de la République, et à mettre en garde ses agents contre les dérives qui engagent leur responsabilité pénale", a-t-il averti. La collecte du minimum de 60 000 souscriptions des électeurs est-elle compromise ? Non, a spontanément répondu le coordinateur national de la campagne d'Ali Ghediri. "Nous mettons la barre très haut. Nous n'allons pas nous suffire des 60 000 signatures. Nous ciblons 500 000 parrainages. Des élus ont aussi signé pour nous. Mais nous ne pouvons donner aucun chiffre à ce stade de l'opération", a-t-il attesté. Les délais sont encore longs jusqu'au dépôt du dossier de candidature au Conseil constitutionnel au plus tard 45 jours après la date de publication du décret présidentiel portant convocation du corps électoral, soit le 4 mars prochain à minuit. Souhila Hammadi