Pour pouvoir assurer le paiement des pensions de retraite de l'année en cours et sur instruction du chef de l'Etat, la CNR est contrainte d'emprunter au Fonds national d'investissement, la bagatelle de 600 milliards de dinars. Intervenant devant les membres de la commission de Santé, des Affaires sociales, du Travail et de la Formation professionnelle de l'APN, le directeur général de la Caisse nationale des retraites, Slimane Mellouka, a lancé un nouveau SOS quant au déficit chronique de la caisse qui persiste depuis cinq années déjà. L'équilibre financier de la caisse reste "extrêmement précaire" puisque les recettes annuelles ne couvrent que la moitié des dépenses, 56% pour être plus précis. Il a imputé cette période "critique" au nombre des cotisants qui est de 2 travailleurs pour un retraité au lieu de 5 travailleurs pour un retraité. La caisse ne pouvait assurer, précisera-t-il, le versement les pensions et les allocations aux retraités que grâce aux différentes aides de l'Etat. Pour M. Mellouka, l'aggravation des déficits de la CNR est due "essentiellement à la croissance modérée des recettes de cotisations, notamment durant la période allant de 2015 à 2018 avec un taux de couverture des dépenses par les recettes, qui a chuté de 81% en 2014 à 56% en 2018". Le DG de la CNR a également imputé cette situation financière difficile à l'évolution "effrénée" des dépenses avec un taux d'accroissement annuel moyen de 18% entre 2010 et 2018, en raison notamment de "la revalorisation annuelle des avantages de retraite, des augmentations salariales substantielles en 2012, avec des effets rétroactifs jusqu'à 5 ans et l'augmentation massive des départs à la retraite avant l'âge légal", a-t-il déploré. Plus loin, il ne manquera pas de souligner que l'ampleur des déficits durant la période (2015-2017) a nécessité "le recours à la solidarité inter-caisses et à l'intervention de l'Etat à travers une contribution exceptionnelle pour l'année 2018 d'un montant de 500 milliards de dinars (art. 110 de la loi de finances 2018)". Pour assurer les pensions de retraite de l'année en cours, l'invité de la Commission parlementaire a rappelé la décision prise par le président de la République consistant à octroyer à la CNR un prêt par le biais du Fonds national d'investissement (FNI) estimé à 600 milliards de dinars. Jusqu'à quand la CNR continuera-t-elle à recourir à la solidarité et demander des aides de l'Etat ? L'auditionné de la commission parlementaire expliquera qu'une réflexion autour du régime de retraite des travailleurs salariés est engagée "en vue d'améliorer ses comptes financiers à moyen et long termes et d'en assurer la viabilité". Et d'ajouter que "cette réflexion a notamment abouti à l'abrogation de l'ordonnance 97-13 à compter du 1er janvier 2017 et à l'instauration d'une contribution de solidarité (taxe douanière) au taux de 1% applicable aux opérations d'importation de marchandises mises à la consommation en Algérie, en vue d'augmenter les ressources financières de la CNR". Dans le même registre, M. Mellouka annoncera que la CNR "est en train de penser à mettre en place d'autres taxes ou impôts pour avoir des recettes supplémentaires". Parallèlement à cette nouvelle stratégie, le patron de la caisse indiquera que la "CNR est en train de renforcer le contrôle pour récupérer les dûs en matière de cotisation dans le cas des impayés, des sous-déclarés pour lutter aussi contre l'informel afin de renflouer les caisses". H. Hattou