La démarche du gouvernement à vouloir atteindre, à l'horizon, 2020, un million de véhicules équipés de kits GPL (gaz de pétrole liquéfié), notamment en obligeant les usines de montage automobile à s'y mettre, risque de buter sur des facteurs liés à la logistique, à la cherté du kit et aux délais d'attente assez prolongés à cause de l'insuffisance des centres de conversion dans le pays. Pour preuve, le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, a révélé, lors de sa dernière sortie à Médéa, qu'un nouveau cahier des charges était en cours d'élaboration, avec le ministère de l'Industrie et des Mines pour imposer aux constructeurs automobiles d'équiper entre 10 et 20% de véhicules en kits GPL carburant pour inverser la tendance actuelle, d'une part, et de démultiplier les centres de conversion GPL pour répondre à la forte demande des automobilistes, d'autre part. Cette déclaration, passée inaperçue, renseigne que M. Guitouni n'était pas au courant que le décret n°17-344 relatif à l'industrie automobile contenait une disposition qui obligeait les constructeurs automobiles à fournir 10% des véhicules montés avec des kits GPL et que la production avait baissé à fin juin de la même année de 3,6% pour atteindre 4,2 millions de tonnes, même si la hausse des ventes des produits pétroliers était tirée par le GPL (+17%) durant la même période. En voulant apporter sa touche pour accélérer ce processus, le ministre de l'Energie aurait pu évaluer l'opération lancée, en 2017, par Naftal et l'Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l'utilisation de l'énergie (Aprue). Celle-ci avait prévu la conversion de 500 000 véhicules au carburant GPL avec l'intervention de l'Etat qui allait subventionner la fourniture et l'installation du kit GPL carburant à hauteur de 50% chez une centaine d'installateurs, comme il aurait pu évaluer le volume des véhicules montés en Algérie et équipés du kit GPL, mais surtout les tractations entre le gouvernement et les constructeurs réfractaires au cahier des charges. Certes, il était impératif de changer de mode de consommation et d'inverser la tendance actuelle qui privilégie l'utilisation d'autres carburants, notamment l'essence et le gasoil, aux dépens du GPL plus économique, moins polluant et moins cher. Mais le fait est là et les délais d'attente des automobilistes s'étalent entre 30 et 45 jours, ce qui démotive le consommateur à aller vers les centres de conversion. Pis encore, cet état de fait ne dissuade pas les constructeurs à fabriquer encore des véhicules roulant au mazout. Pour faire face à cette situation, M. Guitouni a indiqué qu'une étude est actuellement en cours avec une entreprise polonaise pour généraliser le GPL carburant aux véhicules roulant au mazout pour rationnaliser la consommation de cette source d'énergie et de protéger l'environnement de toute source de pollution. Pour atteindre un million de véhicules équipés de kits GPL, l'Etat devra débloquer une enveloppe globale de l'ordre de 70 milliards de dinars pour l'ensemble du programme, dont 270 millions de dollars pour l'importation et la production de kits GPL et la logistique. FARID BELGACEM