L'unité de fabrication de chaussures Manuca, située dans la zone industrielle de Naciria à l'extrême est de la wilaya de Boumerdès, fait face à une grève de ses employés qui dure depuis le 29 septembre dernier. Le conflit, qui persiste entre l'administration de cette entité privée et 29 employés sur les 57 qui y travaillent, n'arrive toujours pas à connaître son épilogue. Après deux jugements en première instance sur la légalité de ce débrayage, l'affaire est, actuellement, entre les mains des juges du conseil de justice de Boumerdès. Le premier verdict prononcé par le tribunal de Bordj Menaïel avait stipulé l'illégalité de cette grève et l'obligation de la reprise du travail par les employés, mais une deuxième décision de justice rendue par le même tribunal a donné raison aux grévistes avant que les gérants de cette entité ne décident de faire appel à la cour de justice de Boumerdès. Ce mouvement de grève a paralysé la production, réduisant considérablement les quantités de chaussures fabriquées, et privé les 29 grévistes de salaire depuis 4 mois. Mais les deux parties semblent camper sur leurs positions. La section syndicale UGTA qui représente les ouvriers de Manuca revendique une augmentation des salaires, ainsi que l'amélioration des conditions de travail. De son côté, l'administration à travers un de ses actionnaires, M. Toubal, affirme ne pas avoir les moyens de revoir la rémunération de ses employés, particulièrement avec la conjoncture économique que traverse le pays actuellement. "Nos portes sont ouvertes aux employés grévistes qui désirent reprendre le travail. Concernant leurs revendications, la situation que nous traversons ne nous permet pas d'y répondre favorablement. C'est à la justice de trancher'', nous a confié M. Toubal. Pour les salariés, il est hors de question de reprendre le travail dans les mêmes conditions, notamment quant à leur rémunération qu'ils qualifient de dérisoire dans un secteur qui exige d'importants efforts. "Vous imaginez qu'après 15 ans de service dans cette usine — travaillant de 8h à 16h en tant que piqueur — je ne touche que 25 000 DA. Un salaire minable qui me permet à peine de subvenir à mes besoins essentiels." L'affaire est entre les mains de la justice et nous comptons aller jusqu'au bout pour faire valoir nos droits que nous estimons légitimes, a indiqué M. Ben Ameur, secrétaire de la section UGTA de Manuca. N. OUHIB