La surproduction de cette année, au lieu d'être bénéfique pour eux comme pour le consommateur, s'est transformée en une "malédiction" du fait de la mauvaise gestion, voire l'inexistence d'un système de régulation des produits agricoles de large consommation. La zone de turbulences qu'a traversée la filière ces deux dernières semaines a connu son épilogue jeudi. En effet, les services de l'Onilev (Office national interprofessionnel des légumes et viandes) ainsi que ceux des services agricoles (DSA) ont dégagé une plateforme dédiée à la prise en charge des préoccupations des producteurs de ce tubercule. Ainsi, il a été décidé que le prix de référence de la pomme de terre acquise auprès du producteur est de l'ordre de 25 DA. Un juste compromis entre les 30 DA réclamés par les agriculteurs et les 22 DA pratiqués actuellement. En outre, il a été convenu que les 137 550 q de pomme de terre qui sont encore dans les champs faute d'arrachage, ce qui représente plus de 393 ha, allaient être pris en charge par neuf opérateurs économiques. De son côté, le directeur des services agricoles de Bouira, Djoudi Guenoun, s'est engagé auprès des agriculteurs à ce que les poursuites judiciaires engagées par Profert, spécialisée dans la commercialisation d'engrais et autres fertilisants, contre certains producteurs soient "gelées" en attendant que ces agriculteurs puissent écouler leurs marchandises et payer ce fournisseur. Pour ces fellahs, la surproduction de cette année à Bouira, au lieu d'être bénéfique pour eux comme pour le consommateur, s'est transformée en une "malédiction" du fait selon leurs propos de la mauvaise gestion, voire l'inexistence du Syrpalac (Système de régulation des produits agricoles de large consommation) à Bouira. Il est vrai que les services de la DSA ont enregistré une production de plus d'un 1,5 million de quintaux de pomme de terre d'arrière-saison, soit 50% de plus que les prévisions initiales. En moyenne, une production de 300 à 400 q/ha été observée, notamment sur les plateaux de la commune d'El-Esnam qui ont bénéficié du système d'irrigation à partir du barrage de Tilesdit. Le directeur de l'Onilev, Noureddine Akrour, a affirmé, jeudi lors de son passage à Bouira, que "l'Etat n'abandonnera jamais les producteurs de pomme de terre". En effet, ce responsable a assisté, à la Chambre d'agriculture locale, à la réunion de crise entre les producteurs de pomme de terre de Bouira et les responsables du ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, dans le but de "désamorcer" la grogne des producteurs de ce tubercule. Pour le premier responsable de l'Onilev, des solutions seront proposées aux agriculteurs afin qu'ils puissent écouler leur marchandise. "Tous les mécanismes de l'Etat seront mis en branle pour dénouer cette crise, mais une chose est certaine, les instructions du ministre de l'Agriculture vont dans le sens de l'encouragement et l'aide aux producteurs qui travaillent, et à Bouira, c'est largement le cas", a-t-il affirmé. Selon le DSA de Bouira, sur les 500 ha dédiés à la production de pomme de terre d'arrière-saison, 210 ha n'ont toujours pas été récoltés. Pour lui, la situation est encore maîtrisable. Messaoud Boudhane, président de l'association des maraîchers de Bouira, a indiqué lors des débats que le Syrpalac est à l'origine de cette crise. "Le Syrpalac est inexistant. Dites-le au ministre de l'Agriculture, on veut qu'il sache que les données qu'on lui présente sont erronées", a-t-il soutenu. Mustapha Bouzini, vice-président du Conseil interprofessionnel local de la filière pomme de terre, s'est dit satisfait des décisions précises et a préconisé la "refonte" du Syrpalac, dans le but, selon lui, d'éviter que ce scénario catastrophe ne se répète.