Outre les démocrates, qui ont affiché leurs intentions de recours à tous les moyens pour contrer le président, le gouverneur de Californie a déjà donné rendez-vous au tribunal à Donald Trump. Sitôt signée vendredi par le président américain, la déclaration d'"urgence nationale" pour obtenir les fonds nécessaires à la construction d'un mur à la frontière avec le Mexique a fait réagir de nombreuses parties à commencer par les élus démocrates, qui ont annoncé qu'ils utiliseront tous les recours possibles. Mais c'est le gouverneur démocrate de l'Etat de Californie qui a saisi le premier la justice pour contester cette mesure. "La Californie vous donne rendez-vous devant la justice", a-t-il lancé Gavin Newsom en direction de Donald Trump. La procureure de l'Etat de New York a également indiqué dans un communiqué qu'elle allait contester la mesure présidentielle en justice. Quant aux principaux opposants de Donald Trump, les élus démocrates, ils ont affirmé qu'ils ne comptent pas le laisser faire et qu'ils utiliseront tous les recours possibles. "Le président veut dérober de l'argent à nos troupes pour s'assurer de pouvoir construire son mur à la frontière. C'est anticonstitutionnel et scandaleux et nous allons utiliser tous les moyens dont nous disposons au Congrès pour l'en empêcher", a ainsi prévenu Debbie Wasserman Schultz, représentante de l'Etat de Floride. De leur côté, les chefs de l'opposition démocrates au Congrès Chuck Schumer et Nancy Pelosi évoquent un abus de pouvoir, de "vol" des fonds du budget de la Défense. "Les actions du président violent clairement le pouvoir exclusif du Congrès en matière de dépenses", martèlent-ils et soulignent que "Donald Trump n'est pas au-dessus des lois. Le Congrès ne peut laisser le président détruire la Constitution". La contestation est également dans le camp républicain, où certains élus s'opposent à ce que Donald Trump actionne le levier de la déclaration d'urgence pour la construction du mur. C'est le cas de Susan Collins, sénatrice du Maine, qui a déclaré que "cette approche crée un très mauvais précédent. Un futur président, qu'il soit démocrate ou républicain, aura le sentiment qu'il peut contourner le rôle constitutionnel du Congrès pour allouer des fonds. C'est très sérieux et inquiétant". Au Congrès, la Chambre des représentants, à majorité démocrate, s'apprête à préparer une résolution commune pour bloquer la déclaration d'urgence nationale. Mais il faudra pour cela que le Sénat, à majorité républicaine, le vote d'abord. Corentin Sellin, professeur agrégé d'histoire et spécialiste des Etats-Unis, prédit une bataille judiciaire de plusieurs mois, car Donald Trump savait que sa décision d'invoquer une "urgence nationale" serait contestée devant la justice. En attendant que la justice tranche, les fonds convoités par le président ne seront pas débloqués. Les travaux pour la construction du mur à la frontière ne sont donc pas près de commencer. Pour rappel, cette procédure lui permet de contourner le Congrès et de prélever des fonds, notamment sur le budget de la Défense. Merzak Tigrine