La croissance est depuis longtemps trop faible dans la région et elle n'a pas assez contribué à créer des emplois et à réduire la pauvreté. Une plus grande intégration entre les pays du Maghreb créerait un marché régional de près de 100 millions de personnes disposant chacune d'un revenu moyen d'environ 4 000 dollars en termes nominaux et d'environ 12 000 dollars en parité de pouvoir d'achat. Cela rendrait la région plus attrayante pour l'investissement direct étranger, réduirait les coûts des échanges intrarégionaux et des mouvements de capitaux et de main-d'œuvre. Pour le département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international (FMI), qui vient de publier une étude intitulée "L'intégration économique du Maghreb : une source de croissance inexploitée", diverses estimations suggèrent que l'intégration régionale pourrait, à long terme, contribuer à augmenter la croissance d'un point de pourcentage en moyenne dans chacun des pays du Maghreb. "L'évolution économique reste, certes, principalement tributaire de politiques nationales vigoureuses, mais l'intégration pourrait entraîner un doublement des échanges intrarégionaux qui soutiendraient la croissance et augmenteraient l'emploi", soutient l'étude du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, relevant, chiffres à l'appui, qu'une plus grande intégration entre les pays du Maghreb se justifie sur le plan économique. D'après les projections, la croissance annuelle moyenne sur la période 2018-23 est de 1,6% en Algérie, 3,9% en Libye, 3,4% en Tunisie, 4,1% au Maroc et 5,5% en Mauritanie. "Ces taux de croissance pourraient être relevés en moyenne de 1 point de pourcentage si les pays du Maghreb s'ouvraient davantage, de 0,7 point s'ils renforçaient leur participation aux CVM, de 0,6 point s'ils diversifiaient leur économie, de 0,2 point s'ils rehaussaient la qualité de leurs produits", estime l'étude réalisée par une équipe des services du FMI dirigée par Alexei Kireyev, soulignant que la croissance est depuis trop longtemps trop faible dans la région, et elle n'a pas assez contribué à créer des emplois et réduire la pauvreté. Si certains pays du Maghreb ont accompli des progrès substantiels sur le front des échanges, la région, dans son ensemble, reste l'une des moins intégrées du monde. Les échanges intrarégionaux représentent moins de 5% du total des échanges des pays qui la composent. Des considérations géopolitiques et des politiques économiques restrictives ont empêché l'intégration régionale, selon l'étude "Le commerce intramaghrébin est très complémentaire". À l'évidence, le Maroc jouit d'un fort avantage comparatif pour les phosphates et leurs dérivés, la Tunisie pour les engrais et l'Algérie pour le gaz naturel liquéfié. Une désagrégation plus poussée de l'indice de l'avantage comparatif révélé au niveau du Système harmonisé à quatre chiffres donne à penser que le Maroc est le pays le plus compétitif de la région et qu'il jouit d'un vaste potentiel pour augmenter ses exportations vers les autres pays du Maghreb. Il peut accroître ses exportations d'au moins 36 produits vers l'Algérie, de 22 produits vers la Tunisie, de 10 produits vers la Mauritanie et de 8 produits vers la Libye. La Tunisie peut également exporter dans la région jusqu'à 30 produits de plus, selon les pays. Le pays dont le potentiel commercial supplémentaire est le plus faible est la Mauritanie, qui peut accroître ses exportations régionales de quatre produits vers le Maroc et la Tunisie, de deux produits vers l'Algérie et d'un seul produit vers la Libye. L'Algérie pourrait exporter six produits de plus, en fonction des pays. L'étude constate que la qualité des produits et la diversification des exportations se sont améliorées ces dernières années au Maroc et en Tunisie, mais elles se sont détériorées en Algérie. Les exportations de l'Algérie, de la Libye et de la Mauritanie sont très concentrées. Les carburants représentent 90 et 98% de l'ensemble des exportations algériennes et libyennes, respectivement. Meziane Rabhi