Les autorités qui semblent avoir parié sur l'essoufflement du mouvement sont acculées, et le fameux "Grand débat national" d'Emmanuel Macron est rejeté par les manifestants qui réclament un "référendum d'initiative citoyenne". La France a connu hier son quinzième samedi de manifestation du mouvement des "gilets jaunes" qui restent mobilisés, alors que le gouvernement d'Emmanuel Macron tente vainement de calmer le jeu à coups de promesses et de discours parfois musclés. Hier encore, des milliers de personnes ont convergé vers plusieurs quartiers de la capitale Paris, mais aussi dans plusieurs autres villes françaises, ont rapporté plusieurs médias locaux et internationaux. Dans un bref entretien qu'il a accordé à la chaîne d'information russe en continu RT France, Eric Drouet, une des figures du mouvement, a dénoncé le silence du pouvoir face à leurs revendications. "Après 15 semaines, on n'est toujours pas écoutés, c'est très grave", a-t-il dénoncé, soulignant qu'"il y a un mois de mars qui est annoncé très, très chargé". Avec plusieurs autres manifestants, Eric Drouet a été empêché d'approcher le président Macron au Salon de l'agriculture de Paris. De nombreux infirmiers et infirmières ont aussi rejoint la manifestation d'hier à Paris. Ce corps des professionnels de la santé se dit victime des réformes des gouvernements successifs qui, dans leur politique de réduction des dépenses publiques, ont provoqué une dégradation des conditions de travail et des prestations dans de nombreux secteurs. Ses revendications sont celles de millions de Français de la classe moyenne qui assiste impuissante à l'érosion de son pouvoir d'achat, alors que les charges sociales et fiscales ne cessent d'augmenter depuis des années. À Rennes, un des foyers de la contestation, de nouveaux accrochages ont opposé les manifestants aux forces de l'ordre, a-t-on constaté sur les vidéos relayées par les réseaux sociaux et les médias locaux. À Nantes, la manifestation a tourné à l'affrontement après que des policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes, en réponse à des manifestants qui ont déclenché des fumigènes sur le parcours de leur marche. "Le défilé se passait tranquillement lorsque, tout à coup, suite à quelques feux d'artifice, une première salve de lacrymogènes devant le carré Feydeau a provoqué un mouvement de foule et vidé les terrasses du Bouffay en quelques secondes", a tweeté une journaliste locale. Si la manifestation des "gilets jaunes" s'est déroulée dans le calme à Clermont-Ferrand en début d'après-midi, la matinée était très agitée dans la ville, selon la presse locale. "À midi, 14 personnes ont été interpellées, dont sept ont été placées en garde à vue, suite aux contrôles mis en place par les forces de l'ordre aux entrées de Clermont-Ferrand", a rapporté le journal régional La Montagne. Ainsi, trois mois après le début des manifestations, les "gilets jaunes" ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin et attendent toujours une réponse satisfaisante d'Emmanuel Macron, accusé d'être au service des plus riches en France. Lyès Menacer