"Le 5e mandat est l'instrument de maintien de ce système putréfié et finissant", a considéré la secrétaire générale du Parti des travailleurs. C'est lors d'une conférence de presse animée au siège de son parti, le PT, à Alger, que Mme Louisa Hanoune a appelé le Conseil constitutionnel à respecter les lois de la République et à déclarer "l'état d'incapacité" de Bouteflika à briguer un 5e mandat. La secrétaire générale du Parti des travailleurs n'y est pas allée de main morte pour fustiger, et sans ménagement, ceux qu'elle accuse d'agir et de décider au nom du Président. Le réquisitoire de Mme Hanoune contre "ceux qui ont osé organiser la provocation" contre le peuple "en optant pour le 5e mandat" porteur "de dangers sur la nation" était sans limite. Elle a estimé qu'ils ont violé le règlement intérieur du Conseil constitutionnel en déposant la candidature du chef de l'Etat "par procuration". "Ayez pitié du pays, ayez pitié du moudjahid Abdelaziz Bouteflika. Laissez-le quitter le pouvoir dans le calme et tout de suite", s'est-elle adressée, avec hargne et insistance, à ceux qui ont détourné la fonction présidentielle. "La candidature de Bouteflika est une provocation intolérable et un mépris insupportable", a-t-elle encore asséné, considérant que contrairement à ce que le peuple exige, notamment le départ du système, "le 5e mandat est l'instrument de maintien de ce système putréfié et finissant". Joignant sa voix à celle des millions de manifestants, elle a appelé au départ du système, de ses symboles, de ses institutions pourries… Analysant la situation "prérévolutionnaire" que vit le pays, Mme Hanoune, toujours avec sa méthodologie habituelle, a estimé que le scrutin prévu le jeudi 18 avril "ne devrait pas avoir lieu", considérant qu'il est un rendez-vous de tous les dangers sur le pays, son intégrité, sa stabilité et sa sécurité. "Il faut arrêter le processus électoral et définir les mécanismes voulus par la majorité du peuple, afin d'assurer l'exercice réel de la souveraineté populaire et une rupture définitive avec ce système", a-t-elle également souligné. Concernant toujours la mobilisation populaire ayant marqué cette période, la SG du PT a appelé au renforcement quotidien de cette mobilisation, avec la sauvegarde de son caractère pacifique et unitaire. "Les Algériens ont donné une leçon de civisme, d'auto-organisation et de maturité au monde entier", a-t-elle dit, ajoutant que ce mouvement a posé, d'emblée, la problématique de la prise de pouvoir, ce qui est en soi une faculté que tant de mouvements de par le monde n'atteignent pas en si court chemin. Interrogée sur le probable départ du système comme réponse à cette mobilisation, Mme Hanoune ne perd pas de vue que le fait d'opter pour le 5e mandat est une preuve que "ce système ne partira pas de lui-même". Un système auquel "il faut opposer la mobilisation populaire, qui arrachera, a-t-elle dit, la victoire et imposera l'ordre de la majorité". Comme probable finalité de ce processus enclenché, Mme Hanoune a plaidé, comme elle l'a toujours fait, pour la mise sur pied d'une Assemblée constituante, seule à même, a expliqué Mme Hanoune, d'assurer et d'assumer "une réelle refondation politique, institutionnelle et constitutionnelle nationale". Mme Hanoune, qui refuse l'exercice de tout "paternalisme politique" sur le mouvement, considère que la constituante aura à débattre, à élargir et à organiser le débat. Mohamed Mouloudj