Le centre aidera ainsi au "renforcement des capacités et compétences des pays africains dans les domaines de l'identification, de l'inventaire, de la recherche scientifique et de la documentation, en plus de stimuler la coopération entre les pays africains". Le patrimoine immatériel algérien et africain était au cœur d'une conférence tenue hier dans la matinée au Musée des beaux-arts d'Alger, où se sont réunis, entre autres, le ministre de la Culture algérien, Azzedine Mihoubi, et Timothy Curtis, secrétaire de la convention 2003 de l'Unesco. Les deux reponsables ont annoncé l'installation officielle du centre régional à Alger, de la sauvegarde du patrimoine immatériel africain de catégorie 2. Placé sous l'égide de l'Unesco, ce qui sera désormais connu sous le nom du Crespiaf aura pour mission de protéger "les traditions et expressions orales dont la langue comme patrimoine culturel immatériel, les rituels et célébrations, les métiers de l'artisanat". Il aidera par ailleurs au "renforcement des capacités et compétences des pays africains dans les domaines de l'identification, de l'inventaire, de la recherche scientifique et de la documentation, stimuler la coopération entre les pays africains, l'échange d'expertise entre ceux-ci, et la sensibilisation des jeunes quant au patrimoine immatériel à travers diverses publications". Timothy Curtis dira dans son allocution que "les efforts de sauvegarde du patrimoine culturel et immatériel sont importants pour aider les communautés non seulement à sauvegarder ces pratiques, qui définissent leur mode de vie, mais également à promouvoir les aspects des autres traditions culturelles". Et de poursuivre : "Grâce à la convention de 2003, de nombreux Etats aujourd'hui en Afrique reconnaissent qu'il est important de sauvegarder et d'assurer la transmission de ce patrimoine. L'Afrique est une priorité pour l'Unesco. C'est avec un grand plaisir que nous avons vu le continent africain accueillir 5 des 13 sessions ordinaires intergouvernementales de sauvegarde du patrimoine immatériel de l'humanité." Le ministre de la Culture a rappelé, de son côté, que l'Algérie était le premier pays à ratifier en 2003 la convention portant sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, où était souligné le rôle de ce dernier comme "facteur de rapprochement, d'échange et de compréhension entre les êtres humains". Dans cette lignée, a-t-il expliqué, l'Algérie a inscrit, en 2007, l'Ahellil du Gourara, la chedda tlemcénienne, "Rakb Ouled Sidi Cheikh", "Sebiba" de Djanet, le "Sboue" de Timimoun, ainsi qu'un dossier commun avec le Mali et le Niger sur la musique Imzad. En sus, 5 autres dossiers ont été soumis à l'Unesco, et qui concernent la distillation de l'eau de fleur d'oranger de Constantine, les bijoux d'Ath Yenni, la musique raï, et enfin l'achewik et le sraoui. Le premier responsable du secteur culturel algérien a aussi évoqué la création d'un Musée africain à Alger : "Nous avons d'ores et déjà contacté plusieurs responsables du secteur culturel de pays africains pour nous envoyer quelques œuvres." Les membres du conseil d'administration du centre se sont aussi réunis au terme de la conférence, à leur tête l'anthropologue Slimane Hachi. Durant la même journée a eu lieu le vernissage de l'exposition "Héritages culturels immatériels en Afrique", comportant des éléments emblématiques du patrimoine de 27 pays africains, détenant des classements à la liste représentative du patrimoine immatériel.