Avec cet acte, Laskri sera-t-il considéré comme le grand homme qui a renoncé à son statut de parlementaire pour la cause nationale, ou sera-t-il davantage mis sous pression jusqu'à lâcher aussi les commandes du FFS ? Le coordinateur de l'instance présidentielle du FFS, Ali Laskri, a déposé, hier, officiellement, sa démission auprès du président de l'Assemblée populaire nationale. Il met ainsi à exécution la décision prise par la direction générale du parti le 6 mars dernier de faire démissionner l'ensemble des parlementaires du parti. Dans un communiqué rendu public, le FFS avait annoncé le retrait définitif de ses parlementaires aussi bien de l'APN que du Conseil de la nation, dans l'objectif de se positionner, de manière radicale, dans le camp du peuple, mobilisé comme jamais contre le maintien du président Bouteflika et de ses proches au pouvoir. La démarche a été aussitôt contestée par les députés et sénateurs, mais également par des cadres du Front. Tous ont accusé Ali Laskri d'avoir pris cette mesure unilatéralement, sans obtenir au préalable l'aval des membres du conseil national ou, du moins, l'accord des parlementaires concernés. Déjà sur le fil du rasoir, le porte-parole du plus vieux parti d'opposition a été vivement critiqué pour son geste. C'était la bonne occasion offerte à ses détracteurs, qui lui ont ressorti quelques casseroles, dont l'exclusion récente de Salima Ghezali et de Chafâa Bouaïche des structures du parti. Déterminés à ne pas lui donner raison, les élus nationaux du FFS ont gelé leurs activités au sein des deux Chambres du Parlement, afin de ne pas se mettre en porte-à-faux avec le soulèvement populaire, mais n'ont pas remis leurs mandats. L'acte de Laskri donne un prolongement à la voie dans laquelle il voulait engager le FFS dans la conjoncture actuelle du pays. Deux autres députés, Khaled Tazaghart (élu indépendant de Béjaïa) et Sid-Ahmed Ferroukhi (élu FLN Alger), ont choisi, avant lui, de quitter l'Assemblée nationale pour mieux marquer leur adhésion aux revendications des millions d'Algériens, lesquels exigent la chute du régime. Il n'en demeure pas moins que la situation de M. Laskri est plus compliquée. Il a déposé seul une démission qui devait être collective, parce qu'il n'est pas écouté par les instances du parti dont il est pourtant l'interface dans ses relations avec les institutions de l'Etat, la classe politique et la société civile. À la faveur des réactions que suscitera l'abandon de son siège dans les travées de l'hémicycle de l'Assemblée nationale, sera-t-il considéré comme le grand homme qui a renoncé à son statut de parlementaire pour la cause nationale, ou sera-t-il davantage mis sous pression jusqu'à lâcher aussi les commandes du FFS ? Souhila H.