La députée du Front des forces socialistes (FFS), Salima Ghezali, a été radiée des rangs du parti sur décision de la commission de règlement des conflits, apprend-on de sources partisanes. Son collègue de Béjaïa, Chaffaâ Bouaïche, a écopé, lui, d'une suspension de six mois. Il reprendra ses activités le 20 janvier prochain. Irrité par le verdict, le président de la commission de discipline, Mohamed Sili, a démissionné de son poste. Il annonce qu'il s'expliquera devant le Conseil national du parti qui se tiendra le 19 octobre prochain. Salima Ghezali, journaliste et ancienne conseillère de Hocine Aït Ahmed, a été radiée des rangs du FFS à cause d'une contribution publiée en août dernier sur le site TSA sans "consultation de la direction de son parti". Elle y interpellait le chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, à propos de la séparation entre les pouvoirs militaire et civil. C'est ce que confirme la concernée dans une déclaration-réaction au même média. "Je n'ai pas à demander la permission à qui que ce soit pour défendre les principes qui sont les miens et qui, je le croyais, convergeaient avec ceux du FFS. S'ils ont glissé quelque part que la soumission à la direction primait sur les convictions militantes, c'est leur souci, pas le mien", s'est-elle défendue, ajoutant qu'"ils m'ont sanctionnée parce que j'ai utilisé, comme toujours, comme depuis que j'ai appris à parler, ma liberté d'expression pour défendre un principe théoriquement sacré au FFS, qui est la primauté du politique sur le militaire, et autre, la plateforme de la Soummam. J'avais raison d'écrire cet article". Si elle trouve que la direction de son parti a la liberté de prendre cette décision, elle estime que, elle aussi, est "libre de penser". "J'avais raison d'écrire cet article, et j'en referai d'autres, parce que c'est ce que je sais faire le mieux. Et, ce qu'ils savent mieux faire, c'est faire passer les gens en conseil de discipline. Salima va continuer d'écrire et va continuer de parler avec les gens. C'est dommage, parce que encore une fois, nous arrivons devant une impasse historique qui s'exprime au sein du FFS, comme elle s'exprime ailleurs. Arriver à trouver les moyens de fonctionner d'une façon moderne et cohérente où le fond et la forme vont ensemble, c'est difficile à réaliser pour une société comme la nôtre qui a accumulé les carences, les violences et les incompréhensions", a-t-elle analysé. Nos tentatives de contacter Salima Ghezali ont été vaines. Elle n'a pas répondu à nos nombreux appels et messages. À la direction du parti, on préfère également ne pas s'exprimer. Contacté, Jugurtha Abbou, chargé de communication du parti, a indiqué que la direction du parti n'a pas "encore reçu le procès-verbal" de la commission nationale de médiation, donc de discipline. Le président de cette instance, Mohamed Sili, a d'ailleurs démissionné de son poste en signe de protestation contre le verdict. Une situation qui crée une nouvelle crise. Puisque selon les statuts du FFS, c'est le président de la commission de discipline qui doit "signifier sous huitaine" la décision de la commission. Or, la démission du concerné rend les décisions prises à l'encontre de Salima Ghezali et de Chaffaâ Bouaïche impossibles à exécuter dans l'immédiat. Par ailleurs, Chaffaâ Bouaïche, ancien chef du groupe parlementaire, a écopé d'une suspension de 6 mois pour des écrits sur facebook. Contacté, le concerné ne souhaite pas s'exprimer. A. Boukhlef