La mobilisation de la diaspora algérienne ne faiblit pas. Au contraire, chaque week-end, elle gagne en intensité et en qualité. Hier, ils étaient encore plus nombreux à manifester devant le consulat général d'Algérie à Montréal pour dire "niet" à Bouteflika et à son système. Pour l'acte IV de la contestation populaire, plus de 3 000 personnes, selon les organisateurs, se sont rassemblées pour dénoncer les derrières décisions du président Abdelaziz Bouteflika qui veut rester au pouvoir en toute illégalité et contre la volonté populaire. Les manifestants ont exigé le "départ inconditionnel" de Bouteflika et de son système qui a avili la nation. La police de Montréal a, comme à l'accoutumée, bloqué la circulation sur les rues menant au lieu de la manifestation. Beaucoup de familles avec leurs enfants sont venues prendre part à cette formidable mobilisation. Des banderoles et des pancartes barrées de slogans gorgés de littérature démocratique sont arborées par les manifestants qui scandaient à tue-tête des mots d'ordre appelant au changement radical du système politique et à l'avènement d'un 2e République. Certains slogans sont porteurs d'un humour corrosif. La ruse du pouvoir, toujours prompt à louvoyer et à manœuvrer, n'a pas émoussé la détermination des manifestants à poursuivre le combat pour le départ du système et toute la smala qui l'incarne. "Un seul héros, le peuple", "Pour une transition démocratique et pacifique", "Pouvoir assassin", "Non au prolongement du 4e mandat", "Système dégage", scandait-on, non sans clouer au pilori les hommes du clan présidentiel. "On a voulu des élections sans Bouteflika, on nous propose Bouteflika sans élection", ironise un manifestant venu avec ses enfants. La bannière amazighe côtoyait l'emblème national déployé en plus grand nombre lors de ce rassemblement. Même le drapeau du MAK était de la partie. Le président français Emmanuel Macron en a pris pour son grade, lui qui s'est empressé d'apporter son soutien au régime de Bouteflika. Beaucoup de jeunes, natifs ou ayant grandi au Canada, se sont mobilisés pour défendre les libertés démocratiques en Algérie qui sont, selon eux, antinomiques avec le système que l'Histoire a déjà condamné. "Il faut maintenir cette formidable mobilisation pacifique qui a rendu leur fierté aux Algériens", affirme Riad, une écharpe aux couleurs nationales nouée autour du cou. À la fin du rassemblement, les manifestants commençaient à se disperser dans le calme avec la promesse de revenir dimanche pour une autre démonstration de force. À la fin de la manifestation pacifique, des manifestants ont entrepris de nettoyer les lieux en ramassant les bouteilles, les cannettes et autres papiers. Ce qui a impressionné les policiers québécois qui affirment n'avoir jamais assisté à une scène pareille, celle de voir les manifestants nettoyer le lieu de la manifestation. Par ailleurs, le Canada a réagi aux décisions du chef de l'Etat de renoncer à un 5e mandat et de repousser sine die la présidentielle. "Le Canada suit de près l'évolution de la situation en Algérie. Nous avons noté le retrait de la candidature du président Abdelaziz Bouteflika de la course à la présidence", a déclaré dans un communiqué, mercredi, un porte-parole du ministère canadien des Affaires étrangères, qui dit soutenir des élections "démocratiques, libres et justes" sans délai. "Nous encourageons le gouvernement de l'Algérie à fixer sans délai une nouvelle date pour la tenue des élections", a-t-il recommandé. Yahia Arkat