"Ce mouvement n'est pas islamiste et ne le sera jamais", a-t-elle assuré, rappelant que le courant rétrograde est une création du système et qu'aujourd'hui "ils ont les mêmes intérêts". Invitée, hier, au forum de Liberté, Mme Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), a traité du soulèvement populaire déclenché depuis le 22 février. Pertinente dans ses lectures du soulèvement qu'elle a qualifié "de processus révolutionnaire", Mme Hanoune a indiqué que ce mouvement réaffirme quotidiennement son caractère pacifique et clarifie davantage ses revendications. "Laissons la révolution prendre son rythme et ses délais", a-t-elle dit en réponse à ceux qui veulent limiter ce processus dans le temps. "Le peuple est conscient", a-t-elle dit, estimant que l'auto-organisation de la société est la garante de la pérennité du mouvement. "On a vu comment les manifestants ont rejeté les aventuriers et les provocateurs", a souligné Mme Hanoune, considérant que l'objectif est "la mise sur pied d'un Etat de droit, d'une démocratie et non d'un Etat théocratique". Sur ce point, la patronne du PT a défendu la nécessité de la mise sur pied d'un Etat séculier. "Il faut séparer les pouvoirs, interdire concrètement l'usage de la religion dans la sphère politique", a-t-elle insisté. "Ce mouvement n'est pas islamiste et ne le sera jamais", a-t-elle assuré, rappelant que le courant rétrograde est une création du système, et qu'aujourd'hui, "ils ont les mêmes intérêts". Elle a rappelé, à ce propos, les attaques contre la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, qui ne sont, selon elle, qu'une manifestation de misogynie. Toujours à propos du mouvement populaire, la patronne du PT a plaidé pour la mise sur pied de comités populaires. Elle estime que ces comités seront la véritable représentation de ce mouvement. "C'est la seule manière de respecter la volonté et la souveraineté populaires", a-t-elle dit, ajoutant que cette auto-organisation de la société peut se déclarer "Constituante". Dans son plaidoyer pour la mise sur pied d'une Assemblée constituante, Mme Hanoune a rappelé que même au sein de l'Etoile nord-africaine de 1926, l'idée d'une Constituante s'était posée. Idem pour la première année de l'indépendance. "On a vu qu'à chaque fois qu'il est question du changement de système, une Assemblée constituante s'impose d'elle-même", a-t-elle estimé, précisant qu'elle "est la seule garante de la souveraineté populaire". Cette Constituante aura pour mission, précise Mme Hanoune, de "rédiger une nouvelle Constitution ou réviser l'actuelle, définir la nature du régime, assurer l'indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs, la liberté de la presse, l'égalité entre les deux sexes…". Elle a, par ailleurs, ajouté qu'une Assemblée constituante "va permettre la reconstruction politique et concrétiser la refondation politique et institutionnelle nationale". Sur sa lancée, l'invitée de Liberté n'a pas hésité à égratigner certains partis dits de l'opposition qui ont appelé à la tenue d'une présidentielle. Pour elle, définir "les délais de la révolution à 6 mois est impensable". Aller actuellement vers une présidentielle "est une manière de maintenir le système avec des changements de façade", estime-t-elle. "Pourquoi pas des législatives anticipées ?", s'est-elle interrogée, considérant que le départ de ce système putréfié et l'avènement de la démocratie renforceront l'Etat, actuellement en danger d'effondrement, car gangréné par la corruption du système. Interrogée sur la tournée de Ramtane Lamamra à l'étranger, Mme Hanoune a estimé que cette tournée "est étrange". "C'est de l'ingérence à l'envers et à la demande de l'Algérie", a-t-elle dit, ajoutant qu'"ils devraient plutôt rassurer le peuple, et non les étrangers", soulignant que les manifestants se sont exprimés sur ce sujet en s'opposant à toute ingérence étrangère dans les affaires internes du pays. "L'ANP n'aura aucun rôle politique" Mme Hanoune a estimé que l'armée n'aura aucun rôle politique à jouer dans le processus de démantèlement du système. "Elle doit rester à l'écart de la vie politique", a-t-elle dit, ajoutant que son rôle est défini par la Constitution, à savoir la sécurité des frontières. "Ceux qui appellent l'armée à intervenir veulent nous entraîner dans un processus à l'égyptienne", a-t-elle accusé. "Bedoui a rencontré 517 cadres et essuyé 517 refus" Selon Mme Hanoune, le nouveau Premier ministre, Noureddine Bedoui, a rencontré quelque 517 cadres pour constituer son staff gouvernemental, mais en vain. Elle a précisé qu'elle connaissait certains parmi les cadres contactés par Bedoui, citant "le parent d'un journaliste", mais ils ont refusé de figurer dans le prochain gouvernement. Elle a démenti tout contact entre le PT et le Premier ministre, rappelant que la proposition de siéger au gouvernement lui avait été faite depuis plusieurs années et qu'elle l'avait toujours déclinée "par principe". "Ennahar TV, une chaîne de règlement de comptes" Evoquant "ses mésaventures" avec la chaîne de télévision Ennahar TV, Mme Hanoune n'a pas hésité à la traiter "de chaîne d'égout et de règlement de comptes". Elle a estimé que ce média est le bras médiatique "des cercles maffieux". Elle a rappelé que la justice a tranché en sa faveur lors d'un procès qu'elle avait intenté contre cette chaîne qui excelle dans "le mensonge et la diffamation".