Les archs auront au moins réussi quelque chose dans ce singulier dialogue : décider de l'ordre du jour du débat politique pour les mois à venir. Le programme de travail du gouvernement et les agendas des formations politiques sont, depuis des semaines, inspirés par l'impératif des élections partielles de Kabylie. Le pouvoir s'est mis à l'ouvrage pour faire partir les “indus élus” de la région et réformer les codes communal et de wilaya en fonction de cet objectif ; les partis se préparent, pour certains, à aider au changement d'élus locaux, pour d'autres, à participer aux élections de substitution, et pour d'autres, enfin, à empêcher le processus. Les archs doivent jubiler sous cape. Ils ont pris leur revanche sur les partis qui ont pris part aux suffrages de 2002, faute d'obtenir réparation de ceux qui les ont organisés et surtout pour ceux qui ont été réprimés. Mais puisque la révolte s'est éteinte, il faut se contenter de peu. Les fantassins de la révolte sont rentrés chez eux, ôtant aux archs la légitimité des armées d'émeutiers. Il ne reste que la légitimité d'un pouvoir qui leur concède la reconnaissance d'accepter de négocier avec eux. En évoluant, le pouvoir a fait de la fraude électorale un élément constitutif du système, choisissant jusqu'à son opposition dans son identité programmatique et dans sa consistance politique. Depuis plus d'une décennie, et malgré le multipartisme, il n'y a que “ses” élus. Dans ces conditions, la participation n'est pas un facteur de légitimation démocratique ; c'est un alibi qui vient au secours du système. Les “indus élus” ne sont pas ceux que l'on croit. Au demeurant, si cette modification avait quelque sens, elle n'aurait pas attendu trois ans pour être réalisée. Et l'Etat ne chasserait pas les “indus” maires pour garder les “indus” députés. Il s'agit donc de faire la part des choses entre une rectification démocratique et le fruit d'une tractation. Même si le second voudrait bien se faire passer pour la première. La question des élus posée par les archs est conjoncturelle puisqu'elle ne concerne qu'un mandat, d'ailleurs bien entamé. Si l'on considère les délais nécessaires à l'organisation du scrutin et la période de “vacuité” qui correspond aux derniers huit mois de mandat durant lesquels les délibérations sont suspendues, les futurs élus “conformes” ne délibéreront que pendant à peine une année ! Outre son aspect dérisoire, du point de vue démocratique comme du point de vue de l'intérêt des collectivités concernées, l'affaire des “indus élus” constitue un dommage collatéral et non une revendication fondatrice du mouvement. S'y attarder n'aura servi qu'à éluder le destin des revendications de fond contenues dans la plate-forme. Il y a plus impératif à réparer que les impostures électorales, somme toute coutumières. M. H.