Dzayer 2.0 est un groupe de réflexion et d'action qui regroupe plusieurs personnalités issues de l'émigration algérienne en France et dans d'autres pays. Il vient de voir le jour à Paris, sous l'impulsion du collectif Debout l'Algérie qui a initié le 19 février dernier, la première manifestation des expatriés algériens dans l'Hexagone, contre le 5e mandat de Bouteflika et qui coorganise depuis tous les rassemblements hebdomadaires du dimanche, place de la République, contre le régime. Dzayer 2.0 fait référence au désir des Algériens de changer de système politique et d'instaurer une deuxième République, véritablement démocratique. L'appellation est un clin d'œil au monde de l'informatique. Elle rend hommage à l'un des slogans des manifestations anti-pouvoir sur la mise en place d'un "nouveau logiciel" de gouvernance pour le pays. Une vingtaine de personnes ont pris part à la création de Dzayer 2.0 lundi dernier. Elles ont tenu une seconde réunion hier soir, afin d'élaborer une charte et un plan d'action. Le collectif vise à mobiliser la diaspora algérienne, en lui donnant une tribune pour s'exprimer autour du changement et du rôle qu'elle pourrait jouer dans la construction d'un nouvel Etat. "Beaucoup d'expatriés montrent de l'intérêt à retourner en Algérie après le départ du régime actuel. Certains veulent savoir comment ils pourront contribuer au redressement du pays", explique Farid Yaker, un des initiateurs de Dzayer 2.0. Dans une première étape, le collectif s'emploie surtout à trouver plus de moyens pour soutenir le soulèvement populaire en Algérie. Outre les manifestations de rue, il entend utiliser d'autres tribunes d'expression comme l'organisation de meetings. Une rencontre, qui doit réunir un millier de personnes, est d'ailleurs prévue le 16 avril prochain dans une grande salle à Montreuil, près de Paris. Le plan arrêté prévoit, par ailleurs, d'autres actions, comme la diffusion de divers contenus (vidéos, articles, communiqués) sur ce qui se passe en Algérie, l'intervention dans les médias étrangers et l'élaboration d'un répertoire en ligne de toutes les organisations citoyennes de la diaspora, afin de les rendre plus accessibles. L'organisation de débats en direct sur les réseaux sociaux est également au programme. Le premier live, lundi dernier, a attiré 5 000 personnes. Les participants ont globalement fait des propositions sur les démarches à suivre pour assurer la réussite de la transition politique. "Les Algériens de l'étranger veulent vraiment prendre part au changement", souligne Farid Yaker, souhaitant que la diaspora soit associée, le cas échéant, à des assises nationales pour la fondation d'un nouvel Etat. Notre interlocuteur estime, à cet égard, primordial, pour réhabiliter le rôle des Algériens de l'étranger, d'abroger la réglementation votée en 2016 et qui leur interdit d'accéder à des fonctions au sein de l'Etat. En attendant, la mobilisation contre le système se poursuit en France. Un sixième rassemblement place de la République est prévu ce dimanche. Des manifestations auront lieu également dans d'autres villes durant tout le week-end.