Les localités d'El-Adjiba et El-Esnam relevant de la daïra de Bechloul endurent une crise de transport acerbe. Situées toutes les deux sur le même axe de la RN5, respectivement à 30 et 15 km de la ville de Bouira, elles sont desservies principalement par la ligne M'chedallah-Bouira qui compte un parc saturé. À défaut de transporteurs et d'une station, El-Adjiba, une commune à dense population qui connaît un important mouvement, est réduite à une zone d'arrêt. Ce qui a créé un sérieux problème et causé énormément de préjudices aux voyageurs qui s'entassent au bord de la route sous le soleil de plomp dans l'espoir de se frayer une place dans un bus qui ne s'y arrête que très rarement, pour déposer un voyageur. La solution, qui ne dépend pas d'une simple volonté de doter la commune de son propre parc, est tributaire de la condition financière et d'une réglementation rigide, sachant que l'exploitation d'une ligne sur Bouira exige la possession de véhicules spacieux de 24 places minimum. El-Esnam, en plus d'une dizaine de fourgons de 18 places qui font quotidiennement la navette sur Bouira, et qui compte également sur la ponctualité de quelques transporteurs d'Ahl-El-Kseur et de Ouled Rached, vit, à un degré moindre, le même phénomène, particulièrement pendant les heures de pointe. Les mêmes scènes sont perceptibles au niveau des deux arrêts du village et les mêmes conditions compromettent l'essor du secteur dans cette région également. Il faut dire aussi que ce créneau, d'abord très onéreux, qui, de surcroît, comporte de grands risques, est de moins en moins attrayant. Une solution demeure, néanmoins, possible, estime le directeur du transport, qui, tout en montrant une sévère allégeance à la réglementation, évoque une option radicale qui est celle des taxis navettes qui desserviraient ces localités à partir de Bechloul, le chef-lieu de daïra situé à équidistance entre les deux et qui jouit d'une flotte assez importante. “C'est une option réalisable du point de vue économique, pour peu qu'il y ait des gens qui s'y intéressent et qui répondent aux exigences réglementaires du projet”, a-t-il ajouté à ce sujet. En attendant, la population, livrée à elle-même, pense avec amertume à l'époque des grands trolleys fumeurs de la Sntv qui faisaient le bonheur des voyageurs des années 1980. À présent, elle s'en est remise au destin d'une libéralisation mal conçue et mal contrôlée du secteur. Slimane ALLOUCH