Plus de 400 enquêtes judiciaires sur des faits de corruption avérés et de transfert illicite de capitaux vers l'étranger sont engagées par la justice algérienne à l'encontre de plusieurs hommes d'affaires, tous frappés par la mesure d'interdiction de quitter le territoire national (ISTN). Soupçonnées de crimes économiques et financiers, certaines de ces personnalités ont déjà été auditionnées par les brigades et les sections économiques et financières relevant de plusieurs corps des services de sécurité. Certaines de ces enquêtes ont été confiées à la Section de recherche de la Gendarmerie nationale (SRGN) de Bab-Jedid (Alger) qui travaille, par ailleurs, en coordination avec les autres services de sécurité pour tenter de cerner les contours de ces faits gravissimes. Selon nos sources, d'autres personnalités, notamment dans les milieux financiers et des affaires, ont été frappées par l'ISTN à caractère conservatoire, comme l'avait indiqué le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed et qui avait procédé à l'application des dispositions de l'article 36 bis-1 du code de procédure pénale. Selon des indiscrétions, certaines personnalités de l'oligarchie seraient touchées par plusieurs affaires, dont la surfacturation, la fuite de capitaux, la corruption, le non-remboursement de crédits bancaires, le blanchiment d'argent, le délit d'initié dans l'octroi des marchés et les fausses déclarations... Lundi, une copie de la liste des personnalités frappées par l'ISTN a été transmise par le parquet général aux procureurs de la République, aux procureurs généraux et aux présidents des chambres chargés de traiter les affaires de corruption et de transfert illicite de capitaux vers l'étranger. Selon nos sources, la justice a, d'ores et déjà, ordonné la confiscation de tous les documents de voyage, comme elle a ordonné le gel de lettres de crédit au profit de ces personnalités durant la période de l'instruction judiciaire, d'autant, révèlent nos sources, que des cadres des institutions financières et bancaires sont concernés par l'ISTN à caractère conservatoire pour les besoins de l'enquête. Aussi, indiquent nos sources, plusieurs directeurs exécutifs, des DG et des P-DG d'entreprises publiques et privées sont frappés par la même mesure. Certains, qui détiennent par ailleurs des comptes bancaires en Suisse, en France, au Royaume-Uni, en Italie et en Espagne, seront présentés devant le juge d'instruction pour transfert illégal de devises. En ce sens, d'importantes mesures et décisions ont été prises par la justice pour accélérer les investigations en offrant tous les moyens adéquats pour faciliter aux enquêteurs spécialisés le travail sur le terrain. À ce propos, d'importantes dispositions ont été prises au niveau des tribunaux pour sécuriser la présentation des personnalités concernées devant les chambres d'instruction, alors que d'autres dispositions, dont nous ignorons pour le moment la nature, seront prises dès aujourd'hui. Selon nos sources, tous les outils et mécanismes légaux seront mis à contribution pour faire la lumière sur les scandales financiers et économiques qui ont ruiné l'économie du pays. Il s'agit, entre autres, de l'Inspection générale des finances et de la Cour des comptes qui seront, probablement, sollicitées, dès aujourd'hui, par la justice et les enquêteurs. FARID BELGACEM