L'avocat et ancien président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme, Mustapha Bouchachi, a indiqué, hier, à Béjaïa, que l'on a besoin de rassembler tous les Algériens autour d'un seul projet : instaurer un véritable Etat démocratique. "Moi, je dis non à l'exclusion. Nous avons besoin de rassembler les Algériens pourvu qu'ils ne soient pas les symboles du système", a-t-il dit. Et de souligner : "Le discours de haine et d'exclusion doit être banni si nous voulons mettre la démocratie sur les rails." Sans le citer nommément, il a déploré le sort réservé au Dr Saïd Sadi par certains manifestants, vendredi dernier à Béjaïa, qui ont voulu l'empêcher de marcher. "Ce n'est pas parce que l'on a marché pendant six semaines que l'on a des droits ou le monopole de la rue." Occasion pour lui d'évoquer le parcours politique de l'ancien président du RCD qui mérite tous les respects, dira-t-il. Dans son intervention, Mustapha Bouchachi a appelé les manifestants à ne pas baisser les bras et à poursuivre la mobilisation pacifiquement pour exiger le départ des symboles du système. Il citera nommément le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, "installé par Bouteflika", du président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz, "qui fait partie des proches de Bouteflika", ainsi que l'actuel Premier ministre, Nourredine Bedoui — et de son gouvernement —, nommés par des forces extrajudiciaires, allusion faite au frère du Président, Saïd Bouteflika. Bouchachi a, en outre, insisté sur la responsabilité qui pèse sur les épaules des acteurs du Mouvement sachant, notamment, que le monde entier est resté ébloui par le caractère pacifique de cette révolution du peuple algérien. "Nous devons, pour cela, continuer à mettre la pression sur le régime" et exiger que le pouvoir soit entre les mains du peuple. Pour cela, "nous devons continuer à résister avec force, mais toujours avec pacifisme", insistera-t-il, "même si cela doit durer des mois". Et pour la réussite de cette transition, Me Bouchachi a indiqué que l'armée, qui demeure une institution forte, doit l'accompagner sans pour autant tenter de l'orienter. Tout en excluant un scénario à égyptienne, il a plaidé pour la mise en place rapidement d'institutions de gestion de la transition : un présidium et un gouvernement d'union nationale. Et de préparer rapidement l'élection présidentielle ou les législatives. Il n'a pas manqué de demander aux Algériens de poursuivre la contestation, voire de l'intensifier, car pour Me Bouchachi, "la victoire est partielle car les Algériens n'acceptent pas que les symboles de cet Etat, représentés par Abdelkader Bensalah et Nourredine Bedoui, organisent les prochaines élections et mènent la période de transition". Cela signifie que l'on s'inscrit dans l'agenda du pouvoir, a-t-il rajouté. M. OUYOUGOUTE