Annie Mecili a exprimé son admiration et son soutien aux Algériens, indiquant que leur mouvement populaire s'inscrit en droite ligne avec le combat mené par son époux. Le rassemblement des Algériens hier après-midi, à la place de la République, avait une tonalité particulière. Il a coïncidé avec la commémoration du 32e anniversaire de l'assassinat de l'ancien responsable du FFS, Ali Mecili. Sa famille et des militants associatifs de la diaspora ont saisi cette occasion pour lui rendre un hommage au milieu d'une foule immense, qui manifestait de nouveau pour le changement du système politique en Algérie. Une tente a été dressée par le collectif des Algériens pour une deuxième république afin d'accueillir le public, l'informer sur le parcours de Mecili et rappeler les raisons pour lesquelles il a été tué.Il était aussi question de demander, une nouvelle fois, d'éclaircir les circonstances de son assassinat. Cette revendication portée pendant des années par le chef historique du FFS, Hocine Aït Ahmed, et par l'épouse du disparu n'a jamais trouvé d'écho, y compris en France où le meurtre a été commis. Ce dimanche, Annie Mecili est donc venue à République pour réclamer, encore, la vérité. Elle a voulu également communier avec les milliers de manifestants présents sur la place. "Je tiens à exprimer toute mon admiration et à apporter tout mon soutien à ce qui se passe en Algérie en ce moment. C'est formidable et c'est en droite ligne avec le combat qui a été mené par Ali Mecili", a-t-elle dit. Jugurtha, le fils de Hocine Aït Ahmed, était également présent, admiratif, lui aussi, du peuple algérien. "Il y a un mouvement qui est incroyable, qui donne de l'espoir", s'est-il enthousiasmé, estimant, néanmoins, qu'il faut rester vigilants. "Il faut agir en personnes politiques avisées et prudentes, pour le bien du pays", a-t-il préconisé. À la place de la République, l'ordre qui a régné comme à chaque rassemblement depuis sept semaines, la pertinence des slogans et le sens de l'engagement des manifestants sont la preuve que le mouvement d'opposition au régime algérien, en France, est bien encadré. Déterminé. "Nous faisons comme nos compatriotes en Algérie. La semaine, nous allons travailler et nous venons ici le dimanche pour manifester et faire savoir que nous ne baissons pas les bras", souligne un animateur de Debout l'Algérie, une des organisations qui coordonnent les actions de protestation, dans l'Hexagone, dans le cadre d'un grand collectif dénommé "Libérons l'Algérie". Dimanche dernier, le premier depuis la démission de Bouteflika, les Algériens qui se sont massés devant la statue de la place de la République étaient, certes, joyeux de voir partir l'ex-président, tout en sachant que la bataille est loin d'être gagnée. "Les militaires ne nous ont pas débarrassés de Bouteflika. Ils l'ont sacrifié pour préserver leurs privilèges", commente Adila, étudiante. "Le système, fidèle à ses pratiques, fait appel à la manœuvre, aux mensonges et aux réaménagements de façade pour s'éterniser", constate, de son côté, le collectif "Libérons l'Algérie", dans un communiqué. Zoheir Rouis, responsable pour l'Europe de Jil Jadid, a développé le même genre d'analyse dans une déclaration lue au public. Il s'est attaqué notamment à la légalité dont se prévaut l'état-major de l'ANP pour bloquer le changement revendiqué par le peuple. Il a également critiqué ceux qui approuvent le choix des militaires. "Faire référence à la Constitution et, en particulier, à ses articles 102, 7 et 8 pour soutenir et couvrir Gaïd Salah, c'est se rendre complice du maintien du régime qui vient de se débarrasser de son boulet Bouteflika, avec pour seul objectif : lui survivre", a indiqué Zoheir Rouis.