Des groupes d'hommes, de femmes et d'enfants venus de divers quartiers de Khartoum ont rejoint hier le rassemblement devant le quartier général de l'armée. Après avoir passé la nuit devant le quartier général de l'armée à Khartoum, les manifestants soudanais étaient encore des milliers hier à réclamer la démission du président Omar al-Bachir, condition préalable à la levée de leur sit-in. Les manifestants ont continué à affluer, en soutien à ceux qui y avaient passé la nuit. Les milliers de manifestants ont appelé l'armée soudanaise à les soutenir dans leur opposition au chef de l'Etat. Ils ont dit "espérer que (l'armée) prenne position pour le peuple", selon un communiqué. "Nous appelons notre peuple dans des secteurs près de Khartoum à se joindre à ceux qui sont au QG de l'armée", ont-ils déclaré hier dans un communiqué. Des groupes d'hommes, de femmes et d'enfants venus de plusieurs endroits de la capitale rejoignaient hier le rassemblement devant le quartier général de l'armée. Des contestataires ont salué de la main des véhicules militaires entrant dans l'enceinte du QG, scandant "Liberté, paix, justice", slogan principal de cette contestation qui secoue le Soudan depuis le 19 décembre 2018. "Après ce que nous avons fait hier (samedi), nous ne partirons pas tant que notre mission n'est pas accomplie", a déclaré à la presse Osama Ahmed, un des manifestants ayant passé la nuit à l'extérieur du QG, tout en soulignant : "Nous ne partirons pas d'ici tant qu'il ne démissionne pas." Selon des témoins, les contestataires ont bloqué à l'aide de pierres un pont se trouvant à proximité du quartier général et reliant Khartoum au secteur de Bahari, dans le nord de la capitale, provoquant d'importants embouteillages. Il faut dire que la répression bat son plein même si l'armée n'est pas intervenue. La police antiémeute a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule, tandis que des contestataires ont lancé des pierres en direction des forces de sécurité. La chaîne d'informations qatarie al-Jazeera, qui fait état de six morts, précise que la dernière victime a été tuée hier matin par balle à l'intérieur de l'immeuble où se trouve son siège dans la rue de la mairie à Khartoum. De source officielle, on évoque la mort d'un seul manifestant. "La police a enregistré la mort d'une personne lors des troubles à Omdurman", a déclaré le porte-parole de la police, le général Hashim Abdelrahim, à l'agence de presse officielle soudanaise Suna. Si officiellement on annonce 32 morts depuis le début des manifestations, l'ONG de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch (HRW) évoque quant à elle le chiffre d'au moins 51 morts. Dans l'espoir de juguler cette contestation, Omar al-Bachir a décrété le 22 février dernier l'état d'urgence à travers le pays. L'ampleur du mouvement de protestation, qui avait fortement baissé, connaît un regain de mobilisation, lié aux développements de la situation en Algérie, marquée par la démission du président Abdelaziz Bouteflika, à en croire les commentaires de la presse locale et de certains observateurs de la scène soudanaise. Les manifestants soudanais prennent exemple sur l'Algérie et veulent réussir de la même manière. Sur sa page facebook, l'association des professionnels soudanais a appelé les manifestants à rester devant le quartier général de l'armée, où se trouve également le siège du ministère de la Défense soudanais, et la résidence d'Omar al-Bachir. Merzak Tigrine