Les retraités de la wilaya de Béjaïa qui ont organisé, hier, leur deuxième action de rue en tant qu'organisation syndicale, étaient plus nombreux que la semaine dernière. En effet, ils étaient plusieurs centaines à manifester dans les rues de Béjaïa, ce qui témoigne de la colère qui gagne les rangs de cette catégorie sociale, ulcérée de voir ses revendications non satisfaites, le changement tant espéré reporté et les figures du système toujours en poste. Quelques minutes plus tard, c'était au tour de la communauté universitaire d'investir la rue. Bien que moins nombreux que les fois précédentes, quelque 3 000 étudiants, enseignants et travailleurs de l'université, selon les organisateurs, ont marché, hier, dans la matinée, pour exiger le départ du système, mais aussi crier à tue-tête, actualité oblige — la marche se déroulant au moment où les deux Chambres étaient en réunion pour constater la vacance du pouvoir et installer le président du Sénat à la tête de l'Etat — : "Ya li laar, Bensalah président" (Quelle honte, Bensalah président). Les manifestants ont également scandé : "Djazaïr houra dimokratia" (Algérie libre et démocratique), "Pour l'égalité entre les hommes et les femmes", "À bas la répression, liberté d'expression", "Serakine, khedaïne, yekoulou wataneyine" (voleurs, truands et ils se disent nationalistes), "Le peuple ne veut ni de Bensalah ni de Belaïz". Sur des pancartes, étaient écrits : "Les étudiants s'engagent, le pouvoir dégage", "Refus du gouvernement Bedoui, illégitime", "Pour un Etat de droit. Pour une justice indépendante", "Jusqu'à quand ?", "Nous voulons une Algérie démocratique", "Non à la confiscation de notre révolution", "Souveraineté au peuple". Les retraités ont, pour leur part, scandé et écrit sur des pancartes : "Pour une vraie république, sociale et démocratique" et "Pour une Algérie moderne". L'intronisation d'Abdelkader Bensalah à la tête de l'Etat pour assurer la transition avec un gouvernement décrié ainsi que le président du Conseil constitutionnel, ont été dénoncés par les retraités. "Non seulement, ils ont maintenu, contre vents et marées, le SG de l'UGTA, Sidi-Saïd, mais ils ont aussi poussé le bouchon trop loin en confiant les affaires courantes du pays et surtout le processus électoral aux symboles du régime", déplorera Achour, un retraité, qui a promis qu'ils seront plus nombreux vendredi prochain.