Les Algériens perçoivent l'obstination du pouvoir à vouloir suivre sa feuille de route comme une énième provocation. L'intronisation du président du Conseil de la nation, le très controversé Abdelkader Bensalah, comme chef de l'Etat par intérim, consolidera davantage la forte mobilisation entretenue et affectionnée par le peuple depuis près de deux mois. Les diverses actions de protestation organisées au lendemain de la nomination du désormais ancien président du Conseil de la nation et qui se sont poursuivies jusqu'à hier, donnent déjà un avant-goût des manifestations impressionnantes attendues pour demain dans plusieurs wilayas du pays. Les Algériens perçoivent l'obstination du pouvoir à vouloir suivre sa feuille de route comme une énième provocation. D'où leur décision de sortir dans la rue ce vendredi pour la huitième fois consécutive pour exprimer leur rejet du processus de sortie de crise enclenché par les tenants de ce pouvoir. Les Algériens veulent détruire les trois "poutres détériorées" qui maintiennent, cahin-caha, le régime actuel que sont les 3 "B" (Bensalah, Bedoui et Belaïz). Demain, l'on s'attend vraiment à une marche grandiose dans la capitale et dans toutes les villes d'Algérie. Et Bensalah en prendra, certainement, encore une fois pour son grade. Il va, à coup sûr, se tailler la part du lion du lot de semonces et autres slogans hostiles, soigneusement préparés pour la circonstance par les manifestants. En acceptant, plutôt en exécutant à la lettre les directives de ses sponsors au sein du sérail — ce qu'il a toujours fait d'ailleurs, tout au long de sa vie politique — l'intérimaire du palais d'El-Mouradia a raté une occasion en or d'achever de manière plus ou moins acceptable sa carrière politique. Au lieu d'écouter ses concitoyens qui lui demandent désespérément de rentrer chez lui, il préfère, tel un sempiternel hiérarque, s'accrocher à son poste. Voilà une attitude par laquelle il continuera à s'attirer les foudres de la population à la faveur des événements de contestation qui se succèdent depuis le 22 février dernier par la révolte populaire. Les slogans arrêtés pour ce 8e vendredi du "hirak" aborderont de nouveau le "système pourri et corrompu" que les Algériens aspirent à faire dégager. Le "départ immédiat des 3 B et de tout le système" sera le mot d'ordre que répéteront, tel un leitmotiv, les manifestants. Mieux, ils exigeront le jugement de tous ceux qui ont dilapidé les deniers publics. "Tous les traîtres et les corrompus doivent rendre des comptes devant un tribunal populaire", écrit un internaute sur son post Facebook. Les Algériens vont se réapproprier la rue pour faire entendre leurs revendications liées entre autres à une transition démocratique menée par le mouvement citoyen, sans le moindre symbole du système. Bernés 20 ans durant pour des résultats que l'on connaît, les citoyens n'ont plus confiance en les dirigeants actuels. Les Algériens ne sont pas dupes. Ils savent pertinemment qu'engager une transition avec les mêmes têtes que celles d'il y a une vingtaine d'années, maintiendra le système ad vitam aeternam. L'application de l'article 102 seul, ne garantit aucunement une transition démocratique telle que voulue par le peuple. Certes, les Algériens veulent des élections présidentielles mais pas avec comme chef de l'Etat intérimaire, Abdelkader Bensalah et le gouvernement illégitime de Bedoui. Un duo de caciques réprimandé par des millions d'Algériens. En tout cas, le peuple se fait un devoir de ne pas lâcher prise en cette période cruciale que traverse le pays. La mobilisation est à jamais ancrée dans les esprits des Algériens. "Vous n'allez pas nous avoir à l'usure", promettent des manifestants qui annoncent d'ores et déjà leur participation à la marche de demain. Cette mobilisation solide constitue un véritable rapport de force contre le ou les clans du pouvoir. Et c'est ce contre-pouvoir qui portera le peuple vers un changement radical du système et sonnera l'heure d'une nouvelle République démocratique… La vraie. B. K.