Les collectifs de l'émigration vont organiser dans les prochains jours des rencontres thématiques pour rendre hommage à "la révolution du sourire" en Algérie et engager le débat sur la transition politique dans le pays. Encore très nombreux étaient les Algériens qui se sont rassemblés hier après-midi, sur la place de la République à Paris pour demander le départ du système et apporter leur solidarité à leurs compatriotes en Algérie. La répression des marcheurs, vendredi dernier à Alger, a eu l'effet de catalyseur sur Ammar, un serveur, qui s'est absenté de son travail, pour prendre part à la manifestation. "Ce pouvoir maffieux a gazé des familles et des enfants dans le Tunnel des facultés", dénonce-t-il en montrant du menton une pancarte qui représente les portraits des trois B (Bensalah, Belaïz et Bedoui) barrés de croix rouges. Le collectif Debout l'Algérie, une des organisations initiatrices du rassemblement, a inondé la plateforme Facebook d'appels, pour demander aux Algériens de Paris, de se déplacer en grand nombre, à République. "Nous devons absolument être présents en force pour dénoncer les exactions contre les manifestants à Alger. La bande maffieuse de Saïd and co est libre alors que les militants pour la démocratie sont embarqués", a fait savoir le collectif, en évoquant la multiplication des arrestations de figures du mouvement citoyen, ces derniers jours, à Alger. Tout autour du stand qu'il a aménagé, le collectif Debout l'Algérie a aligné des fanions affichant le nombre sept, en référence à l'article éponyme de la Constitution qui attribue le pouvoir au peuple. Près du stand, des manifestants débattent de la situation en Algérie. "Nous devons montrer que nous sommes unis, éveillés et déterminés", dit un homme à son interlocuteur.Sa voix est, par instants, couverte par les clameurs de la foule qui dénonce, houspille et scande : "Echaâb yourid trouhou gaa" ou encore "Sorry ya Bensalah, had echaâb machi djayeh" (Désolé Bensalah, le peuple n'est pas dupe). Des jeunes, la casquette vissée sur la tête et le drapeau vert, blanc, rouge, à la taille ou sur les épaules, escaladent des lampadaires, chantent et haranguent les manifestants qui répondent par des vivats joyeux. "Le peuple algérien dans son intelligence collective a montré qu'il est invincible. Rien ne le fera plier, ni les fake news, ni la contre-révolution que le pouvoir souhaite réaliser", se félicite Adel, étudiant à l'université de Paris 13 où la section locale de l'Union des étudiants algériens de France (UEAF) a initié des actions pour susciter le soutien autour du mouvement populaire en Algérie. Dans la diaspora algérienne en France, d'autres actions sont organisées pour engager le débat autour de la transition démocratique. Le collectif Debout l'Algérie et l'ONG Les Algériennes préparent une conférence-débat qui aura lieu le 20 avril prochain, à l'espace André-Maigné, à Kremlin-Bicêtre, à Paris. Elle sera animée par Ghaleb Benheikh, président de la Fondation de France, Feriel Lalami-Fatès, sociologue à l'université de Poitiers et Naoufel Brahimi-El-Mili.