Les étudiants ont répondu massivement hier à l'appel à des manifestations dans l'enceinte des universités à travers le pays, lancé par les diverses organisations estudiantines pour soutenir le "hirak" et exiger le départ du système. Les étudiants de l'Université des sciences et technologies de Bab Ezzouar (USTHB) et ceux des facultés, centrale à Alger et de médecine à Ben Aknoun, ont entamé effectivement depuis hier une grève générale d'une semaine et organisé des marches dans les campus. À l'USTHB, pendant leur marche, les étudiants ont brandi des banderoles géantes et des pancartes contre les "4B" (Bensalah, Belaïz, Bedoui et Bouchareb). Ils ont scandé des slogans contre le pouvoir en place et ses symboles. Les revendications des milliers d'étudiants sont celles des millions d'Algériens qui exigent le départ de tout le "régime corrompu et malfrat qui a ruiné le pays", lance tout de go un étudiant gréviste rencontré devant l'enceinte de l'USTHB. À la Fac centrale, des centaines d'étudiants ont tenu un sit-in sur les lieux. Ils ont appelé à l'application de l'article 7 de la Constitution qui stipule que "le peuple est la source de tout pouvoir". Des cris séditieux ont été poussés par les manifestants demandant au président par intérim de partir. "Bensalah dégage", crient-ils. Dans ce vaste rassemblement, des chants patriotiques sont merveilleusement interprétés par les étudiants. "Talaba ghadhiboune, li nidhami rafidhoune" (les étudiants sont en colère et refusent ce système), entonnent-ils dans une ambiance empreinte à la fois de liesse pour ce début de liberté d'expression retrouvée et de mécontentement pour l'obstination du pouvoir en place à ne pas répondre aux revendications légitimes des Algériens qui battent le pavé depuis 50 jours. Et l'inéluctable slogan "Klitou le bled ya sarakine" (vous avez dilapidé les deniers publics espèces de voleurs) a été également repris en chœur par les jeunes contestataires. Une forte mobilisation estudiantine a été par ailleurs observée à l'intérieur de la faculté de médecine Benyoucef-Benkhedda à Ben Aknoun. Les étudiants des trois départements, médecine, chirurgie dentaire et pharmacie, se sont, eux-aussi, joints au mouvement de protestation en opposition au système en place et confirment le début de leur débrayage d'une semaine renouvelable. "Système dégage, les étudiants s'engagent" est l'une des expressions qui reviennent tel un leitmotiv dans la bouche de ces milliers d'étudiants qui décident de tenir des sit-in quotidiens dans leurs campus et des réunions de concertation afin d'arrêter les actions de protestation à organiser pour les jours à venir. Leurs copains de l'université M'hamed-Bougara de Boumerdès (UMBB) ont enclenché un mouvement de grève depuis samedi, affirment des sources sûres. Leurs revendications s'alignent sur celles du "hirak" et aspirent à en finir définitivement avec le système.