Le mouvement de protestation se poursuit et paralyse plusieurs secteurs clés, dont l'Education et l'Enseignement supérieur. En plus des mouvements de protestation enregistrés depuis le 22 février dernier, la grève observée par les étudiants durant cette semaine risque de déteindre négativement sur le calendrier des cours. Le spectre d'une année universitaire blanche plane sur les universités. Hier encore, dans l'enceinte de plusieurs établissements universitaires, les étudiants ont répondu massivement à l'appel à des manifestations, pour soutenir le mouvement populaire qui exige le départ du système politique, ainsi que toutes ses figures. Depuis deux jours déjà, les étudiants de l'Université des sciences et technologies de Bab Ezzouar (USTHB) et ceux des facultés, la fac centrale à Alger et de médecine à Ben Aknoun, sont en grève générale. Lancé par les organisations estudiantines, ce mouvement de débrayage prévu tout au long de cette semaine, a été fortement suivi dans plusieurs campus du pays. Soutenant le mouvement populaire, les étudiants marcheront aussi à l'intérieur de leurs universités. Lors des marches enregistrées, les étudiants ont brandi des banderoles géantes et des pancartes contre les « 4B » (Bensalah, Belaïz, Bedoui et Bouchareb). Ils ont scandé des slogans contre le pouvoir en place et ses symboles. Les revendications de milliers d'étudiants sont celles de millions d'Algériens qui exigent le départ de tout le système. Ils ont appelé dans ce sens, à l'application de l'article 7 de la Constitution, qui stipule que le peuple est la source de tout pouvoir. Des cris séditieux ont été poussés par les manifestants, demandant au président par intérim de partir. «Bensalah dégage !». Pendant cette période décisive pour l'Algérie, les étudiants ont décidé de poursuivre leur mouvement, et ce jusqu'à la concrétisation des revendications de tout le peuple. Très conscients des grands risques qui peuvent être engendrés par ces mouvements répétés, dont l'annulation de cette année universitaire, les étudiants ont décidé de maintenir le cap pour soutenir le « Hirak ». Pour les enseignants du supérieur, le mouvement entrepris par ces étudiants est légitime, car il soutient une cause noble qui concerne tous les Algériens. Contacté par nos soins, Abdelmalek Azzi, coordinateur national du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes), a affirmé qu'«à ce jour, il n'y a aucun risque d'une année blanche». Cependant, a-t-il enchaîné, «si le mouvement continue avec cette succession rapide des évènements, tout risquerait de changer, et l'année risquerait d'être annulée». Pour lui, «les étudiants sont libres de prendre leurs propres décisions en ce qui concerne leur mouvement de protestation». Et d'ajouter: «à travers ces protestations, ces étudiants ne cherchent pas à faire entendre leurs propres revendications, mais celles de tous les Algériens. Désormais, il s'agit de l'avenir de notre pays et tout le monde est impliqué». S'agissant de la présence des enseignants, lors des marches organisées par les étudiants, Azzi a expliqué que «compte tenu des évènements que connaît l'Algérie, la présence des enseignants est un signe de soutien au mouvement populaire», soulignant, que «pendant un mouvement de débrayage, les enseignants, ainsi que les étudiants, sont tenus de rester à l'intérieur de l'établissement et de ne pas quitter les lieux». Depuis le 22 février, début du mouvement populaire, la mobilisation des étudiants ne fait que se renforcer. A travers des marches ou des rassemblements, ces jeunes, décidés à changer l'avenir de l'Algérie, sont prêts à aller jusqu'au bout pour la concrétisation de leurs revendications.